Le célèbre fabricant de jouets vient d'ajouter une nouvelle femme célèbre de l'histoire des États-Unis à sa collection de Barbie "femmes inspirantes". Il s'agit de Maya Angelou, emblématique militante féministe afro-américaine, écrivaine et poétesse, disparue en 2014. Féminisme ou opportunisme de la part du fabricant Mattel?
C'est un débat qui entoure la poupée la plus populaire au monde depuis sa création. Il y a celles et ceux qui voient dans Barbie la quintessence de la féminité et le symbole de la libération des femmes et les autres qui l'accusent de promouvoir une image sexuée de femme-objet.
La poupée suscite la controverse, sinon comment expliquer une telle variété de significations contradictoires pour un simple objet en plastique? C'est toute l'histoire de Barbie, née 1959, du désir de l'épouse de l’un des PDG de l'entreprise Mattel qui voulait créer une poupée-mannequin aux cheveux blonds, à la poitrine opulente et aux très longues jambes pour sa fille Barbara.
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Barbie, poupée de toutes les époques
Ennemie de nombreuses mères, adorée des petites filles, Barbie doit son succès à sa capacité d'adaptation à toutes les époques. Barbie était infirmière en 1961, femme de carrière en 1963, cosmonaute marchant sur la lune en 1965 - bien avant Neil Armstrong -, chanteuse de rock dans les années 1980.
Aujourd'hui, Black Lives Matter oblige, elle apparaît sous les traits de Maya Angelou, figure emblématique de la vie artistique et politique aux États-Unis. Elle porte un bandeau et une robe à motifs floraux; elle tient dans ses mains un exemplaire du premier tome de son œuvre "Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage" paru en 1969, le livre qui l'a rendue célèbre. La jeune poétesse Amanda Gorman lui a récemment rendu hommage lors de l'investiture de Joe Biden.
Commercialisée en série limitée, la poupée Maya Angelou était en rupture de stock deux jours seulement après sa mise en vente.
Un coup marketing pour relancer les ventes
Surfant sur les tendances du moment, le fabricant avait déjà lancé en décembre 2017 une figurine en l'honneur de l'escrimeuse Ibtihaj Muhammad, première athlète américaine voilée aux Jeux olympiques, une autre en hommage à la cheffe française Hélène Darroze et une autre encore à l'effigie de la peintre mexicaine Frida Kahlo. Avec un slogan: tu peux être tout ce que tu veux. Car Barbie est aussi une influenceuse avec une forte présence sur les réseaux sociaux comme Instagram. Elle a aussi sa chaîne YouTube. Un engouement féministe qui doit plus au coup marketing qu'à un réel engagement politique. Si le fabricant s'adapte, c'est pour relancer des ventes en berne.
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Mais l'adaptation a une limite. Les petites filles peuvent être tout ce qu'elles veulent, présidente de la République, ingénieure, informaticienne. Tout, sauf être... rondes.
Miruna Coca-Cozma/mcm