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Le Festival de BD d'Angoulême révèle son palmarès, à huis clos

L'autrice française Maurane Mazars prend la parole durant la cérémonie de remise des prix du festival d'Angoulême. [AFP - Yohan Bonnet]
Le Festival de BD d'Angoulême révèle son palmarès, à huis-clos / Le Journal horaire / 1 min. / le 29 janvier 2021
Le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême a dévoilé vendredi son palmarès annuel, à l'exception de son Grand Prix. Le roman graphique américain "L'Accident de chasse" a remporté le prix du meilleur album, dans une atmosphère spéciale.

Les grands gagnants ont été les Américains Landis Blair et David Carlson, qui se sont vus attribuer par le jury le Fauve d'or du meilleur album pour "L'Accident de chasse", un long roman graphique sur le Chicago du siècle dernier.

Seuls les journalistes, représentants des lauréats, membres de l'organisation et le maire d'Angoulême étaient autorisés à l'événement dans le théâtre de la ville, organisé après le couvre-feu de 18h.

"Effrayant de se lancer dans un métier précaire"

Le prix spécial du jury a été attribué au Britannique Steven Appleby pour "Dragman", une super-héroïne derrière laquelle se cache un père de famille. Le prix des lycéens a consacré "Peau d'homme", d'Hubert et Zanzim, déjà couronné de multiples autres récompenses dans la BD. Enfin, le prix révélation est revenu à Maurane Mazars pour "Tanz!".

Cette dernière était parmi les rares lauréats présents. "C'est assez effrayant de savoir qu'on se lance dans un métier précaire (...) C'est dur pour nous, auteurs, dans ce marché florissant, mais où les auteurs se paupérisent de plus en plus", a-t-elle dit.

Il faudra en revanche attendre l'édition grand public du Festival, prévue fin juin, pour la récompense la plus prestigieuse du Festival, le Grand Prix, remis à un auteur pour l'ensemble de sa carrière.

Menaces de boycott

Cette édition grand public, reportée à l'été en raison de la pandémie, pourrait se tenir entièrement en plein air si la crise sanitaire empêche toujours les rassemblements en intérieur, ce qui paraît vraisemblable. Mais elle est également menacée de boycott par des auteurs mécontents.

En effet, une tribune, signée par près de 700 auteurs et autrices dont certains étaient dans la sélection officielle, et même primés, comme Zanzim et Maurane Mazars, menace d'un "boycott total du versant public du Festival d'Angoulême, si aucun acte réel et concret n'est posé d'ici là, à l'endroit de notre statut professionnel, de notre représentation et d'un juste rééquilibrage de la chaîne du livre".

Les signataires dénoncent une précarité galopante dans le milieu de la Bande dessinnée. "Si les choses ne changent pas je ne serai pas là en juin. Je serai solidaire des autres auteurs, parce qu'il y en a vraiment marre", a déclaré Zanzim vendredi au moment de recevoir son prix.

La direction a répondu, dans une lettre ouverte, que pour permettre ces expositions, le Festival avait été contraint "d'investir, d'engager (...) des budgets qu'il n'a pas", faute de recettes.

afp/jop

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Inégalités dans le milieu

La grogne vient également de l'initiative d'expositions d'oeuvres de BD dans les gares SNCF, qui a agacé le collectif Auteurs et autrices en action (AAA). Celui-ci réclame une plus grande part du chiffre d'affaires pour les auteurs. Il a déploré que le Festival et la SNCF "se refusent encore cette année à rémunérer les autrices et auteurs dont elles exposent le travail".

Parmi les auteurs de BD, "on est 50% à vivre en dessous du seuil de pauvreté. Moi je fais partie de ces auteurs-là. On essaie de tenir, mais à un moment on lâche", a rappelé vendredi soir Gabrielle Piquet, prix de l'audace avec "La Mécanique du sage".

Pourtant, la BD ne souffre pas de l'érosion des ventes: elle a connu une nouvelle année de croissance en 2020, selon l'institut GfK. Mais l'écart de rémunération entre les auteurs les plus connus et les autres se creuse. D'après GfK, la bande dessinée a vu "un recentrage important des ventes autour des best-sellers en 2020. Leur poids a été renforcé tout au long de l'année".

>> Revoir le reportage de TTC sur les "petites mains de la BD" :

La BD c’est le secteur de l’édition qui cartonne, mais les dessinateurs sont payés au lance pierre s’ils ne sont pas des stars
La BD c’est le secteur de l’édition qui cartonne, mais les dessinateurs sont payés au lance pierre s’ils ne sont pas des stars / T.T.C. (Toutes taxes comprises) / 5 min. / le 18 novembre 2019