"Le voilà, le fameux album de Carla Bruni. L'objet de tous les
désirs, interrogations, spéculations, rumeurs et fantasmes",
écrivait le Journal du Dimanche dans sa dernière édition. Le
quotidien Le Figaro évoquait récemment "le disque le plus attendu
qui se soit enregistré en France ces dernières décennies".
Sortie avancée
Le statut de première dame de l'ex-mannequin devenue chanteuse
aiguise l'appétit des médias. Face à un tel phénomène, la maison de
disques a avancé de dix jours la date de sortie de l'album, qui
sortira simultanément en France, en Belgique, en Suisse, en
Espagne, en Allemagne et en Italie. Les royalties de Carla Bruni
sur cet album seront reversées à une organisation caritative, la
Fondation de France.
"Quelqu'un m'a dit" avait connu un succès public et critique
considérable (1,2 million d'exemplaires en France, 800'000 à
l'étranger, selon la maison de disques). "No promises", sorti début
2007 et dans lequel Carla Bruni mettait en musique des poèmes
anglo-saxons, s'était moins bien vendu (380'000 exemplaires dans le
monde dont 110'000 en France).
Une femme "indépendante"
Depuis mercredi, "Comme si de rien n'était" peut être écouté
gratuitement sur le site internet de la chanteuse. Les textes de l'album
pop-folk auraient été écrits "un peu avant, un peu pendant, un peu
après" sa rencontre avec le chef de l'Etat, a précisé l'ancien
mannequin.
Carla Bruni a levé un coin du voile sur sa nouvelle vie dans un
entretien diffusé mercredi sur radio France Inter. Elle a expliqué
combien son métier comptait pour elle, malgré le fait qu'elle soit
mariée au chef de l'Etat.
Femme de gauche issue d'une riche famille italienne d'artistes,
Carla Bruni a précisé qu'en tant que femme indépendante vivant en
2008, elle n'imaginait pas abandonner son métier. Elle dit pourtant
comprendre les gens qui n'écouteraient pas l'album parce qu'elle a
épousé le président de la République.
Une manne pour les médias
Fin juin, le quotidien de gauche Libération a publié un
entretien de Carla Bruni sur cinq pages. Le journal dit avoir reçu
de nombreux messages de protestation sur son site internet, mais a
vu ses ventes exploser de plus de 40%. En février, la première
interview de la nouvelle Mme Sarkozy avait permis à l'hebdomadaire
L'Express d'écouler près 600'000 exemplaires, un record.
Cette omniprésence provoque aussi des grincements de dents, à
l'instar de l'hebdomadaire Marianne, qui s'insurge: "Opération
Carla. Trop, c'est trop!". Tout en consacrant cinq pages au
phénomène.
agences/dk
Carla Bruni, auteur et interprète
Tous les textes sont de Carla Bruni, hormis "La possibilité d'une île" (un poème de Michel Houellebecq), "You belong to me" (morceau en anglais qu'a chanté Bob Dylan) et "Il vecchio e il bambino", une reprise du chanteur anarchiste italien Francesco Guccini. La chanteuse a coécrit "Péché d'envie" avec le père de son fils, Raphaël Enthoven.
Le disque bénéficie d'arrangements pop nettement plus amples que le dépouillement guitare-voix de "Quelqu'un m'a dit", premier album de la chanteuse, qui avait été un gros succès commercial, mais il reste dans la même veine.
Certaines chansons rappellent les Beatles ("Ma jeunesse"), les slows des années 60 ("Je suis une enfant", adaptée d'un lied de Schumann), ou le blues ("Tu es ma came").
Les textes sont intimistes et évoquent pour la plupart l'amour ou le temps qui passe. Certains seront immanquablement sujets à interprétation sur sa relation avec Nicolas Sarkozy.
Dans "Ta tienne", Carla Bruni chante: "Qu'on me maudisse, que l'on me damne/Moi j'm'en balance, j'prends tous les blâmes (...) Moi qui faisais valser les hommes/Toute entière à toi je me donne".
"Tu es ma came", qui dresse un parallèle entre l'amour et l'addiction à la drogue ("Tu es ma came/Plus mortel que l'héroïne afghane/Plus dangereux que la blanche colombienne"), a suscité en juin une protestation officielle de la Colombie.
Le titre "Comme si de rien n'était" fait référence à une oeuvre photographique du frère de Carla Bruni, Virginio, décédé en 2006 (et auquel la chanson "Salut marin" s'adresse implicitement).