Sorties CD: Carla Bruni et deux jeunes talents

Si Bernadette n'a jamais pu attirer l'attention en entonnant
gaillardement "Ca plane pour moi", Carla Bruni occupe elle plus de place que son petit
mari depuis quelques semaines. Grâce à son troisième album, "Comme
si de rien était".

Après un premier disque au succès flamboyant et un deuxième
passé inaperçu, l'ex-top model a pris son temps avant de revenir
dans l'actualité musicale, tout occupée à sa vie privée
frénétique.

Efficace mais sans étincelle

Ce nouveau disque est dans la même veine (murmure, guitare et
mélancolie) que "Quelqu'un m'a dit", mais sans la fraîcheur de la
nouveauté. On écoute avec plaisir, mais cela pétille moins. Carla
Bruni n'est plus une chanteuse comme les autres et la critique est
vite partiale. Néanmoins, ce CD ne révolutionne rien. On ne
s'ennuie pas, mais on ne s'enflamme pas. Un brin banal.



Ou plutôt déjà vu, car "Comme si de rien n'était", c'est
"Quelqu'un m'a dit" en moins bien. La voix singulière est là, les
textes répondent présent, la musique enrobe le tout. Efficace, mais
il manque la petite étincelle.



Les deux meilleures chansons sont "Salut marin" et "Péché d'envie"
et ce n'est pas un hasard si la seconde est co-écrite avec Raphaël
Enthoven (le Raphaël des débuts, avant l'Elysée).

Maloh, nouveau talent breton

Vous aimez Raphaël et Renan Luce?
Alliant la voix éraillée et les mélodies simples du premier au brio
textuel du second, Maloh
, jeune Breton de 21 ans, sort son premier CD, "7200
minutes".



Cet auteur-compositeur-interprète livre onze titres qui fleurent
bon la Bretagne. On y entend les vagues qui s'écrasent sur les
rochers, le vent frais et, parfois, une petite pluie
mélancolique.



Ancien étudiant en journalisme, Maloh a changé de carrière à cause
d'une tendance tenace à enjoliver la réalité pour que le texte
sonne mieux. Et le bougre sait à merveille manier les mots et les
faire valser avec sa guitare.

La vie quotidienne

Si certains reprochent à Maloh un manque d'originalité, il n'en
demeure pas moins que les mélodies accrocheuses servent à merveille
des textes graves ou drôles. Le Breton narre doucement de petites
scènes de la vie quotidienne.



Mention excellent au très raphaélien "C'est grave docteur", au
vague à l'âme de "Coeur à quai", au berçant "Monsieur Parapluie" et
au duo avec Amélie-les-crayons sur "Draps dessus draps
dessous".



Enfin, sur "Quidam", Maloh parvient avec justesse à cerner celui
qui rêve de devenir superman avant de se découvrir dans le miroir
"épais comme une allumette, carré comme un cake".

Loane, entre amour et ensorcellement

Aimer, amour, amoureux, la thématique est
banale, exploitée à l'infini. Alors quand on constate que Loane propulse le sujet en
leitmotiv de son premier disque, "Jamais seule", on a
l'irrésistible envie d'aller voir ailleurs. Mais on aurait tort de
passer à côté de cette artiste révélée sur internet.



A 29 ans, Loane propose en effet onze chansons originales issues
d'un univers personnel et délicat, sur des mélodies envoûtantes,
presque érotiques. On lance l'album et, sans y prendre garde, on
sombre dans une torpeur hypnotique, on écoute au ralenti, on
savoure béatement une musique volage.

Amour enivré et ivresse amoureuse

Si Loane explore tous les clichés de la passion (bonheur,
jalousie, tromperie, ennui), c'est avec une imagination toute
féminine et une subtile espièglerie. On bondit de la fragilité à un
carpe diem qui rappelle Amélie Poulain.



Non contente d'avoir écrit et composé ses ballades, Loane les
chante et s'accompagne au piano ou à l'orgue. Et la timide brune
passe sans crier gare des airs parfois un peu trop nostalgiques à
des envolées dansantes très réussies. Si "Jamais seule" est de loin
le meilleur titre, l'amour enivré de "Aimé" et l'ivresse amoureuse
de "Contre toi" valent aussi un détour obligé.



Frédéric Boillat