Des manifestations éphémères de quinze minutes se sont tenues à 15h00 précises dans dix villes romandes. Quelque 200 comédiens, danseurs, techniciens, musiciens, auteurs ou simples spectateurs se sont ainsi réunis à Genève. A Lausanne, les quelque 250 personnes rassemblées à la place de l'Europe sont restées silencieuses pendant onze minutes.
L'action, baptisée "No culture no future" (pas de culture, pas de futur), lançait la diffusion d'une lettre ouverte signée par plus de 100 associations et lieux culturels. Cette campagne se déroule via différents supports jusqu'au 25 février, date du premier cas de Covid-19 détecté officiellement en Suisse en 2020.
Appel à la réouverture des lieux culturels
Alors que le milieu est à l'arrêt depuis bientôt quatre mois, les travailleuses et travailleurs de la culture demandent prioritairement une réouverture progressive des lieux culturels au public, "en cohérence avec la réouverture des autres secteurs économiques et dans le respect des mesures de protection".
Les signataires demandent également une reconnaissance juridique et administrative de leur statut spécifique au niveau fédéral. S'y ajoute un appel au développement massif des soutiens financiers à la recherche artistique et la formation continue.
"On avait besoin d'être là pour marquer notre présence (…) Il y a un moment où il faut reprendre cet espace public, parce que nous travaillons pour les publics", a expliqué la comédienne, dramaturge et metteure en scène Olivia Csiky Trnka dans l'émission Forum.
Pas question d'un traitement de faveur
Pour celle qui représente également la faîtière des productrices et producteurs genevois de théâtre (Tigre), il ne s'agit pas de réclamer un traitement de faveur pour la culture: "Si tout est fermé, il est absolument normal que les théâtres soient également fermés. Ce que nous demandons, c'est que - si les magasins rouvrent - nous devons pouvoir également rejouer".
Olivia Csiky Trnka a également rappelé le rôle essentiel de la culture, plus encore peut-être à l'heure de la pandémie: "La culture, c'est une part de divertissement mais pas seulement. Ce sont divers outils pour comprendre un passé, pour réfléchir au présent, et on a besoin de réfléchir à cette crise, à ce qui nous arrive. Et c'est surtout la possibilité d'incarner des futurs possibles. La culture, c'est construire notre vie".
Propos recueillis par Esther Coquoz/oang
Les artistes réinventent l'interaction avec le public
Les artistes sont à l'arrêt mais ne chôment pas pour autant. Beaucoup préparent la reprise de leurs spectacles, qu'ils doivent adapter pour les rendre compatibles aux restrictions sanitaires.
C'est le cas, par exemple, des Batteurs de Pavés à La Chaux-de-Fonds. En pleine répétition, ils expliquent comment ils adaptent leur spectacle aux mesures de protection exigées par la pandémie tout en maintenant la meilleure interaction possible avec le public.
Nombreuses craintes pour l'emploi
Selon un sondage publié mercredi par la Task Force Culture Romande, 43% des acteurs culturels romands craignent de devoir changer de profession à cause de leurs difficultés financières dues à la crise du Covid-19.
Le personnel technique (58%) se sent plus menacé que les artistes (41%). Près d'une entreprise culturelle sur deux (46%) juge sa situation de sérieuse à catastrophique.
Parmi les acteurs culturels qui ont répondu, la moitié est salariée, le quart indépendant et près d'un sur cinq les deux. Du côté des entreprises culturelles qui ont participé au sondage, la grande majorité sont des associations.