Le site SoundCloud va changer son modèle de rétribution des artistes

Aujourd'hui, les plateformes de streaming de musique telles que Spotify ou Deezer rémunèrent les artistes selon une répartition dite "market centric", au prorata des écoutes totales des auditeurs. Ce système, décrié par une grande partie des musiciens, s'oppose au modèle de rémunération dit "user centric", vers lequel va basculer SoundCloud. Il s'appuie sur les écoutes individuelles des abonnés.

Le premier procédé favorise les grandes stars comme Drake ou Rihanna, car il concentre les revenus reversés vers les artistes et les œuvres écoutés par les utilisateurs intensifs, souvent les plus jeunes. Un abonné qui paye 10 euros mensuels verra ainsi une grande partie de la somme accordée aux artistes migrer vers ceux qui sont le plus streamés par le total des abonnés. Le second système, lui, redistribue directement une partie de l'argent de l'abonnement aux artistes écoutés par l'abonné, et à eux seuls.

Fini le pot commun

Concrètement, si, au cours d'un même mois, un premier abonné écoute une fois le titre d'un artiste intimiste, et un second abonné neuf fois le titre d'un artiste très connu, ce dernier touchera le 90% de la rémunération issue des deux abonnements (le "pot commun"), tandis que l'artiste intimiste n'en touchera que 10%: tel est le fonctionnement du modèle "market centric".

A l'inverse et pour le même exemple, avec la répartition "user centric" de SoundCloud, chaque artiste touchera 50%: l'argent du premier abonné ira à l'artiste intimiste et l'argent du deuxième abonné à l'artiste très connu.

Efficacité controversée

"C'est une demande qui revient depuis des années dans l'industrie. Nous sommes heureux d'être les premiers à apporter cette innovation pour soutenir les artistes", a indiqué mardi le directeur général de SoundCloud Michael Weissman. Au total, selon lui, "près de 100'000 artistes indépendants" dans le monde sont concernés.

La plateforme fondée en 2007, qui compte plus de 250 millions de morceaux créés par 30 millions d'artistes, estime que ce système, "plus juste et équitable", devrait in fine favoriser une plus grande diversité musicale. D'après ses estimations, les artistes français devraient notamment être les grands gagnants de ce changement: ils verraient le montant total qui leur est versé augmenter collectivement de près de 25 %.

Une étude du Centre national de la musique (CNM) français publiée fin janvier estime pourtant que changer le système de répartition des plateformes musicales en passant du pot commun aux écoutes par artiste impacterait en réalité peu la rétribution des musiciens actuellement marginalisés et aurait pour principal effet de stabiliser le "milieu du classement". L'étude, menée auprès du cabinet Deloitte, n'incluait toutefois pas la plateforme SoundCloud, mais seulement Spotify et Deezer.

afp/vic