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Fernand Melgar prend d'assaut une forteresse

"Forteresse",un hiver avec les requérants d'asile du centre de Vallorbe.
"Forteresse",un hiver avec les requérants d'asile du centre de Vallorbe.
Le Vaudois Fernand Melgar signe "Forteresse", documentaire choc réalisé au coeur d'un centre pour requérants d'asile. Jamel Debbouze prend du galon dans une comédie d'Agnès Jaoui. Enfin, Kiefer Sutherland revient en flic déchu dans "Mirrors".

Ovationné à Locarno où il a remporté le Léopard d'or dans la
sélection "Cinéastes du présent", le documentaire sur les
requérants d'asile de Fernand Melgar arrive enfin dans les
salles.

Immersion terrible et magnifique

Oeuvre engagée, " La Forteresse " pénètre les murs du Centre
d'enregistrement et de procédure de Vallorbe. Immersion terrible et
magnifique, qui lève le voile sur les mécanismes de la loi sur
l'asile.



Durant deux mois, le réalisateur vaudois d'origine espagnole a
suivi le travail de ces fonctionnaires qui trient les réfugiés,
séparant les "bons" des "mauvais". Il regarde en face ces hommes et
ces femmes jetés sur les routes de l'exil, donne une identité à ces
flux et reflux désossés par les statistiques.



Mû par un sentiment d'injustice, Fernand Melgar, qui a lui-même
vécu la clandestinité dans sa jeunesse, parvient à éviter le piège
de la caricature, du parti pris, de la propagande.



Il faut dire qu'à 47 ans, il n'en est pas à son coup d'essai (son
dernier documentaire, "Exit, le droit de mourir" a reçu plusieurs
prix internationaux et le Prix du Cinéma Suisse 2006).



Mais Melgar a surtout su s'entourer d'une équipe de pros: le
dramaturge Claude Muret, l'anthropologue Alice Sala et des
techniciens capables de se fondre sous les néons et les grillages,
où les "acteurs" jouaient leur survie.

Histoires de famille à la Jaoui

Après les excellents "Le goût des autres"
et "Comme une image", on peut se réjouir de découvrir le troisième
film d'Agnès Jaoui, " Parlez-moi de la pluie ". Une comédie qui fait se rencontrer une
série de personnages chargés de blessures et d'espoirs.



Féministe et politicienne, Agathe Villanova (Agnès Jaoui) fait
campagne dans une région du sud de la France, où elle a vécu
lorsqu'elle était enfant. Elle y retrouve sa soeur, qui vit encore
dans la maison familiale avec son mari et ses enfants. Mimouna, une
femme de ménage que les Villanova ont ramenée avec eux d'Algérie au
moment de l'indépendance, vit avec eux.



Le fantasque Michel Ronsard (Jean-Pierre Bacri), qui tourne une
série sur les femmes qui réussissent dans la vie, débarque pour
réaliser un sujet sur Agathe. Son assistant Karim (Jamel Debbouze),
le fils de Mimouna, complète le tableau.



Coincés par un temps gris et pluvieux dans ce petit bout de
France, les protagonistes se dévoilent peu à peu. Mais les
événements s'enchaîneront de manière imprévue.

Sexisme, racisme et politique

Le titre du film est inspiré d'une chanson de Brassens :
"Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps. Le beau temps me
met en rage et me fait grincer des dents".



Agnès Jaoui y aborde plusieurs thèmes qui lui sont chers :
engagement politique, sexisme, racisme... Le tout en humour bien
sûr, un humour auquel participe davantage le personnage joué par
Jean-Pierre Bacri que celui de Jamel Debbouze, trop rare dans la
peau d'un adulte.

Miroirs cauchemardesques

Remake d'un film coréen ( "Into the
mirror", 2003), Mirrors décrit la plongée dans la
folie d'un père alcoolique fraîchement séparé (Kiefer Sutherland),
ancien flic forcé de démissionner après un accident ayant coûté la
vie d'un collègue.



Il travaille à présent comme veilleur de nuit et découvre, lors de
ses gardes, le passé apocalyptique d'un vieil hôtel de Manhattan.
Un horrible secret les menace, lui et sa famille.



Réalisé par Alexandre Aja ("Haute tension", "La colline a des
yeux"), "Mirrors" réunit tous les ingrédients d'un bon film
d'épouvante. Son sel repose sur cette idée géniale de miroirs
saturés de cauchemars, qui jettent à la face de ceux qui s'y
contemplent toute leur ignominie. Traumatisant!



Rachel Antille

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L'agenda cinéma

Sorties de la semaine:

"La Forteresse", un documentaire de Fernand Melgar

"Parlez-moi de la pluie" de Agnès Jaoui. Avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Jamel Debbouze

"Mirrors" de Alexandre Aja. Avec Kiefer Sutherland, Paula Patton, Cameron Boyce

"Love Gourou" de Klaus Schnabel. Avec Jessica Alba, Mike Myers, Justin Timberlake

La semaine prochaine:

"Princess of Nebraska" de Wayne Wang. Avec Ling Li, Pamelyn Chee, Brian Danforth

"Dorothy" de Agnès Merlet. Avec Carice Van Houten, Gary Lewis, David Wilmot, Jenn Murray

"Entre les murs" de Laurent Cantet. Avec François Bégaudeau

"Faubourg 36" de Christophe Barratier. Avec Gérard Jugnot, Clovis Cornillac, Kad Merad

"The Forbidden Kingdom" de Rob Minkoff. Avec Jet Li, Jackie Chan, Michael Angarano

L'info cinéma de la semaine

"The Visitor", de Tom McCarthy, un drame social engagé qui dénonce la politique des Etats-Unis vis-à-vis de ses immigrés clandestins, a remporté dimanche soir le Grand Prix du 34e festival du cinéma américain de Deauville. Il s'agit du deuxième long métrage de ce réalisateur.

Le Prix du jury a été attribué à "Ballast", un premier film, de Lance Hammer. "Il n'y avait que deux prix. Il y avait d'autres réalisateurs que nous aurions aimé récompenser. Il a fallu malheureusement faire un choix", a déclaré lors de la cérémonie de clôture la présidente du jury, Carole Bouquet, qui s'est engagée à plusieurs reprises pour des sans-papiers en France.

Onze longs métrages étaient en compétition, dont cinq premiers films. Le festival, qui s'est ouvert le 5 septembre, a attiré près de 65'000 spectateurs cette année, contre 55'000 l'an passé.