Réagissant à de récentes polémiques autour du duo 120 Secondes et de la comédienne Claude-Inga Barbey - les premiers pour un sketch sur le monde de la culture, la seconde pour un gag sur une personne transgenre, jugé transphobe - Jean-Barbezat rappelle la phrase devenue adage de Pierre Desproges: "On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde".
Or, souligne le comédien et metteur en scène, c'est justement le problème avec la vidéo, qui circule sans limites ni frontières. "Nous venons tous du théâtre: d'habitude, les gens achètent des billets pour venir nous voir, ils sont acquis à notre humour. Mais avec la TV, les réseaux sociaux, vous allez chez les gens, à leur table, et vous leur imposez vos gags."
Le Covid, sujet épineux
L'humour en 2021, c'est donc aussi s'attendre à des réactions vives de la part de personnes qui s'estiment attaquées. "Mais on n'est jamais content quand on blesse les gens! C'est tellement génial quand, avec nos gags, on arrive à faire rire les gens d'eux-mêmes", commente l'humoriste. Et d'insister sur l'universalité de la satire et de l'autodérision: "Tout le monde a le droit qu'on se moque de lui!"
Actuellement, toutefois, la crise liée à la pandémie force les humoristes à marcher sur des oeufs. "Le Covid est le sujet le plus difficile à traiter dans les revues." Des gens ont été malades, d'autres sont morts, d'autres encore sont sans emploi, des entreprises ont fermé: "quoi que vous disiez, vous allez blesser quelqu'un", souligne Jean-Luc Barbezat, dont le nouveau spectacle, aux côtés de son acolyte Benjamin Cuche et pour fêter leurs 35 ans de vie de scène, aurait dû démarrer cette semaine. Avec cette crise, "il y a de plus en plus de tensions, entre les gens, économiques. Il n'y a plus de droite ni de gauche, je ne sais plus dans quel camp se situe la crainte et l'angoisse."
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Propos recueillis par David Berger
Adapatation web: Katharina Kubicek