Les théâtres pourront rouvrir dès le 19 avril sous certaines conditions : la règle du tiers des spectateurs devra être respectée au sein des petites structures et une jauge de cinquante personnes devra être appliquée pour les grandes salles.
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Si les annonces du Conseil fédéral ont été accueillies de manière plutôt favorable, la mise en place de quotas donne du fil à retordre aux organisateurs. Certains ont décidé de rester fermés, malgré les mesures d’assouplissements. C’est le cas du théâtre du Crochetan à Monthey, qui peut accueillir jusqu'à 600 personnes.
"C’est une lueur d’espoir pour la population, mais pour un théâtre de notre envergure ce n’est pas rentable. On paie certains spectacles jusqu’à 30'000 francs. Avec un billet qui coûte 50 francs et 50 spectateurs, on fait vite le calcul: ce n’est pas viable économiquement et on sera à perte", explique son directeur Lorenzo Malaguerra.
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Libération ou incertitude
Pour certaines structures l’annonce fait l’effet d’une libération. Le Théâtre de Vidy à Lausanne compte ouvrir ses portes dès le 22 avril. Trois nouvelles premières seront jouées prochainement, avec une jauge évaluée à une trentaine de spectateurs pour la salle René Gonzales et cinquante personnes au Pavillon.
"On ouvre en espérant que cela s’élargisse graduellement ces prochaines semaines. Notre mission était de continuer à créer des pièces et d’être réactif, donc nous sommes prêts pour l’ouverture", détaille son directeur Vincent Baudriller.
Pour d’autres, il est plus difficile de savoir de quoi demain sera fait. "On croise les doigts pour que les assouplissements tiennent jusqu’à notre prochaine représentation, qui devrait être jouée fin mai. Nous sommes quand même dans l’incertitude", explique Rossella Riccaboni, cofondatrice du Théâtre du Loup à Genève.
Jauge inégale
Autre problème: les jauges, qui peuvent créer des situations d’injustice. "Cela reste très inégal suivant les structures… Le quota du tiers est seulement appliqué pour les petites salles. Les théâtres pouvant accueillir plus de 500 places sont pénalisés avec cette restriction de 50 personnes".
C’est le cas du Théâtre de Carouge, qui possède deux salles, dont une avec une capacité d’accueil de 470 places. "Nous n’avons pas pris de décision pour l’instant. C’est aux acteurs de décider s’ils veulent jouer devant un nombre restreint de personnes. Imaginez la différence entre une salle comble de 500 personnes, et une salle presque vide… Artistiquement, ce n’est vraiment pas la même énergie pour les comédiens", souligne son directeur Jean Liermier. Le théâtre proposera tout de même des pièces dans sa petite salle dès le mois de mai.
Encore dans l’incertitude, plusieurs théâtres romands n’ont pas pris de décision quant à une possible réouverture et communiqueront prochainement.
Julie Conti/saje