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Miriam Makeba: la voix de l'Afrique s'est tue

Miriam Makeba avait entamé une tournée d'adieu il y a 3 ans.
Miriam Makeba avait entamé une tournée d'adieu il y a 3 ans.
La chanteuse Miriam Makeba a succombé à une crise cardiaque en Italie. Ambassadrice de la culture noire sud africaine et militante anti-apartheid, l'interprète de «Pata Pata» avait 76 ans. Elle s'était régulièrement produite en Suisse.

Miriam Makeba a été prise d'un malaise et s'est évanouie juste
après un concert d'une demi-heure donné dimanche soir à Castel
Volturno, près de Naples, lors d'un gala dédié à Roberto Saviano,
jeune écrivain menacé de mort par la mafia. Elle est décédée dans
la nuit de dimanche à lundi.

Voix légendaire du continent africain, Miriam Makeba est née le
4 mars 1932 dans un bidonville des environs de Johannesburg. Elle
est attirée très jeune par le gospel et les chants des guérisseurs
traditionnels.

Un tube mondial

Elle entame sa carrière en 1952 dans le groupe des Buban
Brothers, puis dans celui des Manhattan Brothers. Elle signe «Pata
Pata» en 1956 qu'elle réenregistre en anglais en 1967. Cette
version devient un tube mondial.



Surnommée «Mama Africa», elle est contrainte à l'exil en 1960 pour
son engagement contre l'apartheid. Elle passe ensuite 31 ans tantôt
aux Etats-Unis, tantôt en Guinée. Son engagement aux côtés des
mouvements d'émancipation afro-américains lui valent aussi des
démêlés avec les autorités américaines dans les années 60.



Miriam Makeba était revenue en Afrique du Sud au début des années
1990 après la fin de l'apartheid. Elle avait entamé une tournée
d'adieu il y a trois ans à Johannesburg.

"La musique de mes racines"

«J'ai conservé ma culture, j'ai conservé la musique de mes
racines. Grâce à elle, je suis devenue cette voix et cette image de
l'Afrique et de son peuple sans même en être consciente»,
écrit-elle dans sa biographie.



ats/afp/ant

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Nombreux hommages

«Son coeur avait déjà cessé de battre lorsqu'elle a été amenée dans notre hôpital vers 23h15», a dit son directeur Francesco Longanella à l'agence de presse allemande dpa. «Toutes les tentatives pour la ramener à la vie ont été vaines.»

A l'annonce du décès, les hommages ont afflué. Elle est «morte en faisant ce qu'elle savait le mieux, une capacité à faire passer un message positif par le chant», a indiqué le ministre des Affaires étrangères sud-africain Nkosazana Dlamini Zuma. «Une des plus grandes artistes de la chanson de notre époque s'est arrêtée de chanter».

L'ancien président sud-africain Nelson Mandela l'a saluée comme une des «mères» de la lutte anti-apartheid. «Elle était la première dame sud-africaine de la chanson et elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation».

Quant au chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, il a estimé qu'elle était «le symbole même de l'esprit de résistance».

Une femme d'exception

Capable de chanter en douze langues, cette artiste a marqué des générations d'Africains. Elle a été en 1965 la première femme noire à obtenir un Grammy Award qu'elle partagea avec le chanteur américain Harry Belafonte.

Elle s'est produite régulièrement en Suisse. Ce fut par exemple le cas au Festival de jazz de Montreux (VD) en 1978 et 1980, ainsi qu'au Paléo Festival de Nyon (VD) en 1984.