Des mots crus, des scènes cultes, un sens de l'absurde, une mélancolie latente: le cinéma "décalé" de Bertrand Blier est unique, inégalable. Une chose est sûre, l'homme aujourd'hui âgé de 82 ans restera certainement l'un des plus grands réalisateurs français.
Né dans une famille d'acteurs
En plus d'avoir marqué en profondeur le septième art, ce véritable trublion du cinéma français a également façonné toute une nouvelle génération d'acteurs, à l'instar de Gérard Depardieu, Michel Blanc, Patrick Dewaere ou encore Miou-Miou.
De là à prétendre qu'il les a inventés, Bertrand Blier ne le concevra jamais ainsi. "Je leur ai facilité le parcours", tempère-t-il en toute modestie sur le plateau du 19h30. Avant d'ajouter: "Mais c'est vrai que j'aime les acteurs car je suis né dans une famille d'acteurs."
Fils du légendaire acteur Bernard Blier, qu'il a d'ailleurs dirigé à plusieurs reprises dans ses films, Bertrand Blier sévit dans le septième art depuis plus de six décennies. Le maestro du cinéma compte à son actif une vingtaine de films et pas des moindres: "Préparez vos mouchoirs" (1978), "Buffet froid" (1979), "Beau-père" (1981) ou encore "Trop belle pour toi" (1989).
"Quelque chose de hors-norme"
Mais c'est surtout son film "Les Valseuses" (1974) qui marquera certainement le plus les esprits. "A l'époque, j'avais conscience qu'on faisait quelque chose de hors-norme, mais je n'avais pas conscience de ce que ça allait donner. Si ça allait être bien ou mal reçu", se souvient-il.
Il faut dire que dans ses films, il aime jouer avec les codes. Il n’a peur de rien, et encore moins des bonnes mœurs et de l’ordre moral. Le réalisateur est libre. Dans ses films, on vole des voitures, on met la main aux fesses des filles et on parle de libération sexuelle.
A la question de savoir si de tels films pourraient voir le jour aujourd'hui, le réalisateur répond que oui, "ça serait possible, mais compliqué." "Au moment où j'ai fait "Les Valseuses", on n'était pas dans le même pays qu'aujourd'hui. Il n'y avait pas ce côté solennel, on disait n'importe quoi, c'était plus libre", explique-t-il. Avant d'ajouter: "Mais si les temps ont changé, les problèmes, comme les difficultés entre hommes et femmes ou les difficultés sociales, sont restés."
Interview TV: Philippe Revaz
Adaptation web: Fabien Grenon