Ce qui semble évident à la fin des années 1960 - des vacances payées - met du temps à se dessiner. Il faut remonter au 19e siècle, alors que la Grande-Bretagne connaît la plus forte industrialisation du monde. Le travail devient source de nervosité et de tension. Cette période entraîne les premières revendications.
Dans certains milieux, comme les milieux religieux, médicaux et syndicaux, on demande et on exige que le temps de travail soit accompagné d’un temps de repos où les corps se régénèrent, où les ouvriers reprennent vie.
Les bénéfices de la grève générale
En Suisse, les traces des premières cures médicales remontent à 1879. Elles sont alors octroyées aux fonctionnaires. Il faut attendre la grève générale de 1918 pour que les choses évoluent. Menée par le Comité d'Olten, composé de politiques socialistes et de syndicats, la grève vise à obtenir des droits comme l'AVS et la semaine de 48 heures.
La guerre a causé la désertion des touristes anglais. Suisse Tourisme naît en 1917, dans le but de relancer cette industrie. Les vacances et autres congés payés sont un luxe réservé aux élites; elles s'étendent sur une semaine au minimum, et les trajets sont plus longs qu'aujourd'hui.
De 2 à 4 semaines de vacances
Les vacances se généralisent après la Seconde Guerre mondiale, mais il faut attendre 1966 pour l'entrée en vigueur de la Loi sur le travail, qui exige au minimum deux semaines de repos pour tous. Ce sont les vacances et les voyages tels que nous les connaissons aujourd'hui.
Les médecins vont jouer un rôle important en montrant qu'un corps fatigué est un corps qui n’est pas rentable.
Cet argument va jouer un grand rôle pour justifier des congés payés et des vacances. En 1985, les Suisses adoptent un contre-projet visant à augmenter le nombre de semaines de vacances à quatre.
>>À regarder: "Vacances d'antan: la question visant à savoir où se rendre se posait déjà en 1960", Couleurs Locales du 20.06.2016
Une mentalité chamboulée par l’année 2020
L’année 2020 a remis en cause notre manière de travailler et de voyager. Finis les croisières et les pays lointains: "Le secteur du tourisme, c’est comme la banque ou la bourse. On n’aime pas l’incertitude. Les gens ne veulent pas aller dans un endroit dont on n'est pas sûr de revenir sain et sauf."
À l’Egypte, on préfère donc le lac de Bienne, et on se rend plus volontiers à La Tène qu'à Benidorm. Selon le professeur Tissot, les voyages se sont tellement démocratisés qu'ils peuvent parfois en perdre leur attrait. "Aller à Los Angeles, c’est comme prendre le bus à Chauderon, il n’y a plus rien d’exotique. Peut-être allons-nous réinterpréter cela et retrouver dans nos quartiers proches des moments où nous pourrons vivre tout aussi joyeusement, en faisant des découvertes très riches, au lieu de prendre des risques en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud."
Sujet TV: Mathieu Oppliger/Olivier Kurth
Adaptation web: Myriam Semaani