Riad Sattouf: "J'adore observer l'intensité des émotions et des sentiments de l'adolescence"

La foule s'est déplacée jeudi au Festival international du film de Genève (GIFF) pour obtenir la dédicace de l'auteur de bande dessinée et réalisateur français Riad Sattouf, invité d'honneur du festival.

Son oeuvre phare, "L'Arabe du futur", a dépassé le million d'exemplaires vendus pour plusieurs de ses tomes. Elle raconte l'histoire de son enfance, entre la Libye et surtout la Syrie. Il y figure petit, puis plus grand au fil des tomes, avec sa mère, bretonne, et son père, syrien.

"Ma grand-mère bretonne détestait la BD"

Invité du 19h30, Riad Sattouf explique comment il réfléchit à ses bandes dessinées.

"J'imagine comme première lectrice de mes bandes dessinées ma grand-mère bretonne qui détestait la BD. A chaque fois que je fais une bande dessinée, que ce soit pour 'L'Arabe du futur' ou pour 'Le jeune acteur', je voudrais essayer de faire une BD qu'elle aurait aimé lire, parce qu'elle ne savait pas s'il fallait lire le texte ou le dessin en premier", a expliqué Riad Sattouf.

"Je réfléchis à mes livres comme ça: une histoire assez longue à lire, dense avec des dessins expressifs et une histoire dépaysante. Dans 'L'Arabe du futur', j'essaye d'emmener mes lecteurs au Moyen-Orient, dans 'Les cahiers d'Esther' dans le monde d'une jeune fille et dans 'Le jeune acteur' dans le monde d'un ado ordinaire qui devient acteur".

>> Le portrait de Riad Sattouf dans le 19h30 :

"La France, une sorte de paradis"

Riad Sattouf a passé son enfance entre la Syrie, la Libye et la France. "Je vois la France comme une sorte de paradis. Pour moi, la France c'est le pays de la liberté d'expression, le pays des amoureux des livres, où on peut faire les bandes dessinées qu'on veut. Je n'ai jamais réussi vraiment à choisir entre ces deux identités, je me suis créé une troisième identité qui est celle des gens qui font des livres. Avant d'être Syrien ou Français, je me sens d'abord comme un gars qui fait des livres et des histoires pour les gens", a relevé Riad Sattouf.

Ses oeuvres racontent l'adolescence, "une période très fascinante parce que dans les faits elle dure très peu de temps. En quelques mois, on se transforme complètement, on hérite du corps qui va nous suivre le reste de notre vie. On quitte le monde de l'enfance pour ne plus jamais le retrouver. Il y a un sorte d'intensité des émotions et des sentiments que j'adore observer chez des jeunes", a encore commenté le réalisateur de "Les beaux gosses", sorti en 2009.

"Arriver à faire lire les enfants c'est ce qu'il me plaît le plus au monde. J'aimerais également que les jeunes retiennent qu'il n'y a pas besoin d'être extraordinaire à la base pour avoir la vie qu'on veut et une vie extraordinaire", a conclu Riad Sattouf.

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Propos recueillis par Jennifer Covo/lan