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Guerre en Ukraine: Peut-on encore diffuser des artistes russes?

Jeudi 3 mars: l'opéra de Zurich illuminé aux couleurs de l'arc-en-ciel pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie. [Michael Buholzer - Keystone]
Jeudi 3 mars: l'opéra de Zurich illuminé aux couleurs de l'arc-en-ciel pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie. - [Michael Buholzer - Keystone]
Une des conséquences de la guerre en Ukraine est une vague de démissions dans les institutions culturelles russes en parallèle d'une mobilisation et résistance des artistes ukrainiens. Peut-on donc aujourd'hui continuer à diffuser des oeuvres d'artistes russes?

Les milieux culturels et artistiques russes, ukrainiens, mais aussi européens sont pris dans ce questionnement: les institutions, les scènes culturelles peuvent-elles continuer à diffuser les artistes russes? Peut-on aujourd'hui continuer à présenter leurs oeuvres? Si la réponse peut sembler simple: oui, parce que la culture est universelle, les choses sont concrètement plus compliquées avec un risque d'un rideau de fer culturel.

Dans les pays occidentaux apparaissent ainsi des positions tranchées comme celle du Festival de musique classique de Verbier qui a renvoyé le chef d’orchestre Valery Gergiev, proche du président Vladimir Poutine, et annoncé qu’il déprogrammera tous les artistes prenant position en faveur du gouvernement russe. Une même ligne de conduite a été adoptée par l'Opéra national de Lettonie et la Philharmonie de Paris.

>> A lire aussi : Le chef d'orchestre russe Valery Gergiev écarté par le Verbier Festival

L'enceinte parisienne, qui invite en moyenne quatre prestigieux orchestres et des dizaines de solistes et de chefs d'orchestre russes par an, a elle aussi annulé, comme la plupart des salles occidentales, la venue de la superstar Valery Gergiev.

Son directeur général Olivier Mantei précise toutefois dans un entretien à l'AFP que son institution ne demandera pas à un artiste de prendre officiellement position contre le gouvernement russe avant de l'inviter, au risque de le mettre dans une situation délicate, voire périlleuse.

La Russie mise au ban

Dans cette même veine, la Russie a aussi été bannie du concours de l'Eurovision et le Festival de Cannes n'accueillera pas de délégations officielles russes cette année.

Alors que l'Orchestre philharmonique de Zagreb a annulé l’interprétation de deux œuvres de Piotr Ilich Tchaïkovski, la soprano russe Anna Netrebko, qui fait l'objet de critiques pour une complaisance supposée envers Poutine, va se retirer de ses concerts prévus au Met Opera de New York au printemps.

Vague de démissions en Russie

Les démissions tombent en cascade pour protester contre la guerre et éviter l'illusion de la normalité, comme celle d'Elena Kovalskaya, directrice du théâtre de Moscou, un théâtre d'État, qui estime qu'il est "impossible de travailler pour un meurtrier et de toucher un salaire de sa part".

Elena KOVALSKAYA, la directrice du théâtre d'État et du centre culturel Vsevolod Meyerhold de Moscou, a annoncé sa démission en protestation contre l'invasion de l'Ukraine. « Il est impossible de travailler pour un meurtrier et de toucher un salaire de lui », écrit-elle pic.twitter.com/oakJxk9nmk

— Bruno Serrou (@Cirmeau) February 24, 2022

"Je pars aussi!", écrit quant à lui sur Facebook le directeur artistique du Théâtre Maïakovski. Tandis que l'ancien danseur étoile français Laurent Hilaire, qui dirigeait la troupe de ballet du Théâtre académique musical Stanislavski à Moscou, quitte également son poste en précisant que le contexte ne lui permet plus de travailler sereinement. Autant de décisions qui font craindre la perte de liens avec la culture russe.

Mais les appels à la paix se multiplient, notamment à travers la musique. Ainsi, à l'issue de la représentation d'"Aida" de Giuseppe Verdi au Teatro di San Carlo de Naples, il y a eu ce moment suspendu où, sans un mot, la soprano ukrainienne Liudmyla Monastyrska a pris dans ses bras la mezzo-soprano russe, Ekaterina Gubanova, sous les applaudissements du public. Le théâtre publie sur Twitter la vidéo de ce moment avec ce commentaire: la musique est plus forte que tout.

"Give Peace a Chance" diffusé sur 150 radios

La musique réunit aussi ce vendredi 150 chaînes de radio publiques européennes, qui vont diffuser simultanément "Give Peace a Chance" à 07h45 contre la guerre en Ukraine. Ce fameux morceau, écrit par John Lennon, pourra être entendu dans plus de 25 pays, dont l'Ukraine, et des radios privées européennes se joindront également à cette initiative, a précisé l'UER.

Miruna Coca-Cozma/olhor

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