Le drapeau ukrainien. [Depositphotos - Ufuksezgen]
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Des acteurs culturels ukrainiens évoquent leur situation actuelle

>> Alors que l'attaque russe en Ukraine fait rage depuis un mois, une partie des actrices et acteurs culturels ukrainiens a choisi de rester au pays pour résister à leur façon. D'autres ont quitté le pays pour résister autrement encore.

>> Parmi les artistes qui sont partis, certaines et certains ont été accueillis dans diverses institutions culturelles à travers le monde et un élan de solidarité international a vu le jour.

>> Celles et ceux qui ont choisi de rester en Ukraine livrent dans l'émission "Vertigo" un témoignage sur leur situation en temps de guerre et expliquent la manière dont ils tentent de résister au quotidien.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac et Pierre Philippe Cadert

Adaptation web: Olivier Horner

Oleg Sosnov, curateur (24 mars 2022)

"Je veux être utile sur place" et "résister à ma façon"

Depuis Kiev où il a décidé de rester, Oleg Sosnov, curateur de projets culturels en Ukraine, indique "résister à sa façon" après avoir tenté dans un premier temps de prendre les armes auprès de la Défense territoriale où il s'est vu refouler par manque d'expérience militaire.

Sa résistance prend la forme d'un soft power culturel. "Je veux être utile sur place, indique-t-il. J'ai gardé beaucoup de contacts avec des artistes qui ont une renommée internationale et je leur ai demandé de poster sur les réseaux sociaux du contenu spécifique lié à la situation de guerre en Ukraine (...) J'ai aussi été fixeur pour les médias internationaux et surtout français afin de faciliter leurs reportages et de couvrir la réalité ukrainienne".

>> A écouter, le témoignage de Oleg Sosnov dans "Vertigo" :

Le drapeau ukrainien. [Depositphotos - Ufuksezgen]Depositphotos - Ufuksezgen
Ukraine: la guerre des images / Vertigo / 14 min. / le 24 mars 2022

Lyuba Knorozov, productrice (21 mars 2022)

"J'essaie donc de jouer les intermédiaires culturels"

Réfugié dans lʹOuest de lʹUkraine depuis quelques jours après avoir passé les premières semaines de la guerre à Kiev, la productrice Lyuba Knozorok raconte son quotidien. L'attaque russe a gelé ses projets, mais elle essaie tant bien que mal de suivre le parcours de ses films autour du monde et dʹaider ses compatriotes dans le besoin.

"Les premiers jours, mon quotidien était plutôt dédié à de l'aide humanitaire, d'évacuer des collègues d'une zone à l'autre et nous fournissions aussi du matériel médical (...) Il y a beaucoup d'institutions culturelles aussi qui veulent nous aider mais ne savent pas comment. J'essaie donc de jouer les intermédiaires", explique Lyuba Knozorok qui essaie aussi de tenir un journal.

>> A écouter, le témoignage Lyuba Knorozov dans "Vertigo" :

Affiche du film "Stop Zemlia". [Pluto Film]Pluto Film
Lyuba Knorozov la productrice ukrainienne / Vertigo / 8 min. / le 21 mars 2022

Elle vient de terminer un documentaire sur l'architecture qui a pris cinq ans et a été présenté en première au mois de janvier à Amsterdam et le prix qu'elle a produit, "Peace for Nina", a reçu récemment le Prix Impact au FIFDH à Genève. Ce mois-ci, elle aurait dû accueillir à Kiev la classe de Master de l'ECAL/HEAD.

Artem Iurchenko, réalisateur (15 mars 2022)

"Il y a de vrais échanges qui permettent la création malgré la guerre"

Réalisateur de documentaires, Artem Iurchenko se trouvait au moment où il a été joint par téléphone à une soixantaine de kilomètres de la frontière polonaise, où son père a été évacué dans un hôpital grâce à un couloir humanitaire.

"Il y a beaucoup d'initiatives culturelles intéressantes auxquelles j'essaie de participer, notamment entre la France et l'Ukraine par le biais d'affiches sérigraphiées par des artistes des Beaux-Arts vendues au bénéfice de l'Ukraine. Il y a de vrais échanges qui permettent la création malgré la guerre. J'ai aussi rejoint le projet de l'artiste JR pour ses fresques géantes réalisées par des artistes ukrainiens", explique Artem Iurchenko qui vit habituellement la moitié du temps en France et qui essaie de continuer de filmer en Ukraine, mais plutôt de nuit.

>> A écouter, le témoignage de Artem Iurchenko dans "Vertigo" :

Un drapeau ukrainien lors d'une manifestation de soutien le 27 février 2022 en France. [AFP - Valentine CHAPUIS]AFP - Valentine CHAPUIS
Actualité en Ukraine! / Vertigo / 5 min. / le 15 mars 2022

Vladimir Kazanevsky, dessinateur de presse (11 mars 2022)

"Mes dessins sont mes armes"

Travaillant pour de nombreuses publications en Europe et aux Etats-Unis, membre de Cartooning for Peace, Vladimir Kazanevsky a récemment quitté l’Ukraine pour la Slovaquie. Il aimerait y rester quelques semaines avant de retourner dans son pays natal.

Il raconte son action, quotidienne, de dessinateur de presse en guerre: "J'arrive à travailler et dessine chaque jour depuis le début de la guerre en pensant à notre victoire future. Je fais un travail politique contre la Russie et Poutine. J'envoie mes dessins dans certains magazines et quotidiens, comme Le Monde, Le Courrier international ou le magazine satirique suisse alémanique NebelSpalter (...) Je crois encore au pouvoir du dessin. Mes dessins sont mes armes", explique Vladimir Kazanevsky qui a changé sa manière de dessiner depuis qu'il ne peut plus travailler sur son ordinateur.

>> A écouter, le témoignage de Vladimir Kazanevsky dans "Vertigo" :

Le dessinateur ukrainien Vladimir Kazanevsky en 2013. [CC BY-SA 3.0 - Nemets777]CC BY-SA 3.0 - Nemets777
Vladimir Kazanevsky, dessinateur de presse Ukrainien: "Mes dessins sont mes armes" / Vertigo / 5 min. / le 11 mars 2022