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De nombreux objets béninois dans les musées suisses sont liés à un pillage anglais

De nombreux objets béninois dans les musées suisses sont liés à un pillage anglais. [Museum Rietberg - Rainer Wolfsberger]
De nombreux objets béninois dans les musées suisses sont liés à un pillage anglais / Le Journal horaire / 20 sec. / le 2 février 2023
Plus de la moitié des 96 objets provenant de l'ancien royaume du Bénin qui sont conservés dans huit musées publics en Suisse ont été pillés ou probablement pillés par l'armée coloniale britannique. C'est le résultat d'une étude présentée jeudi à Zurich.

Depuis deux ans, l'Initiative suisse pour le Bénin enquête sur la provenance des objets béninois conservés dans des musées suisses. Ces recherches, soutenues financièrement par l'Office fédéral de la culture (OFC), sont effectuées par huit musées suisses en collaboration avec des partenaires au Nigéria.

Un peu plus de la moitié des 96 objets ont été soit pillés (22%), soit probablement pillés (34%) par l'armée coloniale britannique lors d'une "expédition punitive" en 1897 dans le royaume du Bénin, qui fait aujourd'hui partie du Nigéria. Des preuves écrites et des indices le démontrent, selon les résultats de l'enquête présentée dans le cadre du Swiss Benin Forum à Zurich.

Pour 16% des objets, un lien avec le pillage est considéré comme improbable. Pour 28%, un rapport avec l'expédition coloniale britannique est exclu, car ces objets ont été fabriqués au XXe siècle.

>> Lire aussi : Que faire des collections de restes humains héritées de l'ère coloniale?

Pillage du palais royal

En 1897, l'armée britannique a pris d'assaut la capitale Benin City. Les soldats ont pillé le palais royal et l'ont incendié. Selon les estimations, ils ont emporté près de 10'000 objets. Par le biais du commerce de l'art, ces objets se sont retrouvés dans des collections publiques et privées.

Huit musées suisses ont acquis des objets béninois sur une longue période. Ces objets ne sont généralement pas arrivés en Suisse immédiatement après l'expédition militaire britannique.

Les huit institutions suisses concernées sont le Musée d'histoire de Berne, le Musée d'histoire et d'ethnographie de St-Gall, les musées d'ethnographie de Genève et de Neuchâtel, le Musée des cultures de Bâle, le Musée Rietberg à Zurich, le Musée du château de Berthoud (BE) et le Musée d'ethnographie de l'Université de Zurich.

Recherches lancées en 2021

Les recherches de provenance, dirigées par les Musée Rietberg, ont débuté en 2021. Elles se sont révélées difficiles, selon le rapport. Même après des enquêtes intensives, des lacunes subsistent. Les 96 objets sont passés entre plusieurs mains. L'étude a permis d'identifier 71 acteurs, principalement des marchands d'art et des collectionneurs.

Jusqu'à présent, aucune demande de restitution n'a été formulée en Suisse. Les huit musées suisses ont cependant à coeur de se pencher sur la problématique du patrimoine béninois spolié et de gérer de manière active cette problématique, peut-on lire dans le rapport qui a été remis officiellement à une délégation du Nigéria jeudi à Zurich.

Rapatriement ou prêts

Les huit musées concernés sont ouverts à l'idée d'un transfert de la propriété des objets pillés ou probablement pillés, peut-on lire dans une déclaration commune de la délégation nigériane et des musées. Il est ainsi possible d'imaginer un rapatriement des objets, mais ils pourraient aussi rester dans les musées suisses sous forme de prêts. Aucune décision concrète n'a été prise pour le moment.

Après cette recherche de provenance, l'Initiative suisse pour le Bénin entend ouvrir un débat public sur l'origine et de l'avenir des collections béninoises en Suisse.

>> Voir aussi le reportage du 19h30 sur le Muséum d'histoire naturelle de Neuchâtel qui recherche la provenance de plusieurs milliers de spécimens de ses collections :

Le Muséum d'Histoire naturelle de Neuchâtel recherche la provenance de plusieurs milliers de spécimens de ses collections
Le Muséum d'Histoire naturelle de Neuchâtel recherche la provenance de plusieurs milliers de spécimens de ses collections / 19h30 / 2 min. / le 1 février 2023

ats/vajo

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