L'objet est une tête sculptée en pierre de près de 200 kilos et vieille de 2500 ans. Elle provient de la culture précolombienne Chavín (env. 1200 à 550 av. J.-C.) dans les hautes vallées des Andes péruviennes. Il s'agit d'un bien culturel important qui aurait dû être déclaré comme tel au moment de son importation, indique mercredi l'Office fédéral de la culture (OFC), dans un communiqué.
La cérémonie de remise s'est déroulée dans la matinée à la douane autoroutière de Bâle/Weil am Rhein en application de la loi sur le transfert international des biens culturels. C'est la directrice de l'OFC Carine Bachmann qui a remis la sculpture à l'ambassadeur Luis Alberto Castro Joo.
Fausse déclaration
L'objet avait été confisqué dans le cadre d'une procédure pénale cantonale. En 2016, un particulier a été contrôlé à la douane de Bâle/Weil am Rhein. Le déclarant avait annoncé une importation temporaire d'Allemagne en Suisse sur mandat d'un commerçant d'art allemand.
L'objet était qualifié de sculpture péruvienne. Il était manifestement prévu qu'il soit étudié scientifiquement en Suisse. A la douane, il était déclaré "bien non culturel". Après avoir inspecté la marchandise, les douanes suisses se sont adressées au service spécialisé sur les transferts de biens culturels de l'OFC qui a confirmé qu'il s'agissait d'un bien culturel important qui aurait dû être déclaré comme tel.
La sculpture a été confisquée. Le 20 avril 2018, elle était confisquée définitivement par le Ministère public sur la base du soupçon suffisamment étayé de provenance illégale (fouille clandestine) du Pérou. Le Pérou est fortement affecté par le pillage et la destruction de ses sites archéologiques.
Partie d'un temple
Les objets précolombiens, tels que la sculpture restituée, figurent dans les catégories de biens culturels péruviens les plus fortement menacés. Les têtes dites clouées ou à tenon (cabezas clavas) comme celle qui a été saisie sont des têtes sculptées de grande taille fichées à l'origine dans les façades d'un temple.
Le musée national de Chavín expose une douzaine d'autres têtes clouées. Aujourd'hui, on ne connaît qu'une centaine de telles sculptures. Elles appartiennent aux catégories d'objets les plus caractéristiques de la culture archéologique de Chavín. Le site religieux de Chavín de Huántar est inscrit depuis 1985 au Patrimoine culturel mondial de l'UNESCO.
ats/vajo
Le MEG restitue des objets sacrés à la nation Haudenosaunee
Le Musée d'ethnographie de Genève (MEG) a restitué mardi à leur nation d'origine, la Confédération d'Haudenosaunee (Amérique du Nord), deux objets sacrés acquis sans consentement il y a près de 200 ans. Ce masque sacré et ce hochet cérémonial vont retrouver leurs terres d'origine.
Lors de la cérémonie officielle, Brennen Ferguson, membre du Comité des relations extérieures des Haudenosaunee, a évoqué sa grande tristesse quand il a découvert à l'occasion d'une visite à Genève en juillet dernier que ce masque et ce hochet étaient dans une vitrine de musée. "Je me suis senti comme négligé", a expliqué ce représentant de la nation Tuscarora.
Le Conseil administratif a considéré que les Haudenosaunee étaient les propriétaires traditionnels de ses objets et que leur valeur culturelle les rendait impropres à une exposition. Le masque et le hochet avaient été donnés en 1825 par l’historien Amédée-Pierre-Jules Pictet de Sergy (1795-1888) au Musée académique, dont les collections ont ensuite été transférées au MEG.
Il s'agit de la première restitution d'objets sacrés de la part du MEG.
Loi en vigueur depuis 2005
La loi sur le transfert international des biens culturels est en vigueur en Suisse depuis 2005.
Elle met en œuvre la Convention de l'UNESCO de 1970 concernant les mesures pour interdire l'importation, l'exportation et le transfert illicite des biens culturels.