Modifié

Objet rétro par excellence, la cassette audio signe son retour

La cassette audio, objet culte des années 80, fait son grand retour
La cassette audio, objet culte des années 80, fait son grand retour / 19h30 / 2 min. / le 20 mars 2023
Aux Etats-Unis, la hausse des ventes des cassettes audio surpasse celle des vinyles et albums digitaux. La bande magnétique réunit aussi son lot d'adeptes en Suisse romande. Retour sur cet objet culte des années 1980.

Objet rétro et culte des années 80, la cassette signe un retour en grâce dans le secteur de l’audio. Aux Etats-Unis, ses ventes ont doublé entre 2020 et 2021, pour atteindre les 440'000 exemplaires écoulés en 2022. Selon une récente étude, elle se place même en haut du podium en termes de hausse des ventes, surpassant le vinyle et les albums digitaux.

La cassette est inventée en 1963 par l’ingénieur néerlandais Lou Ottens. Elle est ensuite brevetée par Phillips qui la lance sur le marché peu après sa création. Véritable révolution, la bande magnétique bouscule nos habitudes en matière d’écoute de musique, jusqu’alors limitées aux disques vinyles, beaucoup moins maniables. Grâce aux baladeurs, il est désormais possible d’écouter de la musique de façon individuelle, ailleurs qu’à la maison. Le fait de pouvoir réenregistrer de la musique plusieurs fois sur le même support permet aussi aux amateurs de créer et faire circuler leurs propres compilations.

>> Lire aussi : Le marché suisse de la musique boucle 2022 sur une bonne note

Elle atteint son apogée en 1989 où elle s’écoule à près de 83 millions d’exemplaires rien qu’au Royaume-Uni. Elle finit par tomber en désuétude dans les années 1990, avec l’apparition des CD et des premiers lecteurs numériques.

Aujourd’hui, elle revient sur le devant de la scène, avec des artistes comme Taylor Swift ou Harry Styles qui déclinent leurs albums sur bande magnétique.

Soutenir l’artiste

La cassette réunit aussi son lot d’adeptes en Suisse romande. Compositrice et musicienne, Lorraine Dinkel a investi ce support pour produire son dernier EP. "Je me suis dit que c’était chouette d’avoir quelque chose à vendre après mes concerts. Et puis il y a un truc très artisanal, très intime avec la cassette: c’est quelque chose qu’on peut designer et produire soi-même. Il y a aussi un son et une esthétique particulière", détaille-t-elle.

Elle poursuit: "C’est aussi un moyen direct de soutenir l’artiste. Aujourd’hui, l’industrie de la musique est monopolisée par le streaming et les grandes plateformes. Avec la cassette, on offre quelque chose à son public et on sait que l’argent nous revient directement".

Un moyen donc pour les musiciens de se faire un peu de bénéfice. "Avec l’effondrement des revenus, beaucoup d’artistes comptent sur les produits dérivés pour faire gonfler les chiffres de vente. Cela peut expliquer pourquoi on presse plus de cassettes qu’avant", explique Quentin Pilet, cogérant du magasin de disques genevois Bonjo Joe. "D’une manière plus générale, il y aussi le retour du rétro et l’influence des séries qui puisent dans l’esthétique des années 1980. La cassette est redevenue tendance".

Reine ailleurs

Si elle a quasiment disparu de l'Occident ces dernières années, la bande magnétique a trouvé refuge sur d’autres continents. Au Maghreb par exemple, ce support est intimement lié à des genres musicaux comme le Raï. "La cassette reste la reine des musiques non-occidentales, car on peut la produire en grande quantité pour pas grand-chose. Elle s’est nichée dans les musiques "pauvres", et c’est sûrement pour cette raison qu’elle a survécu pendant toutes ces années", poursuit le spécialiste."C’est le format pirate par excellence… De la mixtape que nos parents enregistraient sur la radio aux musiques expérimentales. Et c’est ce côté qui la rend magique", conclut-il.

saje

Publié Modifié