A Liverpool, l’Eurovision de la chanson se pare des couleurs ukrainiennes

Drapeau ukrainien sur les épaules, Anna et ses amies se dépêchent de rejoindre les animations organisées sur la jetée de Liverpool. Originaire de Kiev, la jeune femme a fui la guerre et réside désormais dans la cité anglaise. Si elle est si pressée de découvrir les stands et concerts prévus au bord de la Mersey à l'occasion de l'Eurovision, c'est parce qu'en ce lundi qui précède le concours, la soirée est placée sous le signe de la solidarité avec l'Ukraine. L'occasion pour les trois comparses de savourer de nouveau un bortsch et entendre leurs morceaux ukrainiens favoris. "Grâce à tout cela, j'ai un peu moins le mal du pays", a confié Anna au 19h30 de la RTS samedi.

La jeune Ukrainienne assistera à la finale de l'Eurovision samedi soir. Elle est l'une des heureuses élues de la loterie organisée pour les réfugiés ukrainiens: quelque 3000 billets leur sont réservés. Un soutien à l'Ukraine parmi d'autres. Le gouvernement britannique a également mis à disposition une enveloppe de plus de 11 millions de francs pour "aider à garantir que l'événement présente véritablement la culture ukrainienne". Une vitrine pour le pays au centre-ville de Liverpool, notamment sous la forme d'un village de stands d'artisanat et de cuisine traditionnelle.

"Profiter de chaque occasion pour mettre en avant notre culture"

"Pour nous, il est important de profiter de chaque occasion pour mettre en avant notre culture", explique Veronika Yasynska, assistante événementielle au sein du hub Culture Liverpool. "Il s'agit de faire comprendre que nous sommes un État séparé, que nous ne faisons pas partie de la Russie et que nous avons nos propres traditions millénaires", ajoute la réfugiée ukrainienne.

Une culture que compte aussi mettre en avant le duo Tvorchi, les représentants de l'Ukraine au concours de cette année. Un duo ukraino-nigérian qui proposera samedi soir un morceau pop-électro inspiré par les soldats ukrainiens de la ville de Marioupol.

"Nous sommes un peu tristes d'être ici, car cela aurait été formidable d'organiser l'Eurovision en Ukraine", raconte à la RTS Andriy Houtsouliak, membre du duo. "Le public aurait pu visiter l'Ukraine et voir à quel point notre pays est beau. Mais nous remercions chaleureusement le Royaume-Uni de nous avoir accueillis!"

Un événement qui coûte très cher

Et cet accueil n'est pas que symbolique. Organiser un événement aussi important que l'Eurovision de la chanson coûte cher, certaines estimations évoquant un total entre 9 et 19 millions de francs. La BBC, qui devra régler l'essentiel de la facture, ne peut confirmer ces chiffres tant que l'événement n'est pas terminé. Mais Martin Green, le responsable de l'Eurovision pour le service public télévisuel britannique, insiste: les retombées économiques pour la région devraient être importantes, 28 millions de francs sur le court terme.

Arrivé deuxième lors du concours de l'année dernière, le Royaume-Uni a donc pris le relais de l'Ukraine, tout en planifiant le spectacle main dans la main avec la télévision publique du pays de l'est de l'Europe. Samedi soir, le public verra donc des clips vidéo présentant des lieux ukrainiens et britanniques avant ceux des pays des candidats. Et il suivra l'événement grâce à une co-présentatrice ukrainienne, la chanteuse Julia Sanina. Mais il ne pourra voir d'intervention du président ukrainien par vidéoconférence. Volodymyr Zelensky l'aurait pourtant proposé, mais la direction de l'organisation ne l'a pas autorisé, estimant que cela contrevenait à la nature non-politique de l'événement.

Un événement centré sur le divertissement. Sans aucun doute, un moment de poésie kitsch qui fera oublier durant quelques heures les horreurs de la guerre.

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Tamara Muncanovic