La maison Piguet lance sa première vente aux enchères d'instruments du quatuor (violon, alto, violoncelle) en Suisse romande. Aux trente instruments et trente archets viennent s'ajouter une petite vingtaine de partitions de musique et des autographes de musiciens comme Puccini, Gabriel Fauré et Richard Strauss. Même s’il s’agit d’une vente en ligne, les instruments peuvent tous être testés.
La maison genevoise se lance dans cette aventure sous l'impulsion de l'expert parisien Serge Boyer, installé depuis peu à Lausanne. Il a réalisé récemment la vente d'un violon à près de 3,5 millions de francs qui appartenait à un soliste français, Régis Pasquier.
La co-directrice de l'Hôtel des ventes, Claire Piguet, explique que les instruments dormaient dans des greniers, alors que la demande pour ces objets est forte. "Actuellement, il n' y a aucune offre en Suisse pour vendre aux enchères ces instruments de musique. Les acheteurs sont obligés de s'adresser à la France et aux Etats-Unis. Je trouve vraiment dommage pour tout le corpus d'instruments qui se trouvent en Suisse de proposer aux vendeurs potentiels de quitter la Suisse pour vendre leurs instruments."
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Un arc musical
Claire Piguet vise en particulier un public de mécènes privés ainsi que des fondations et des institutions qui pratiquent le mécénat, comme des banques ou des assurances. Elle se dit sûre de pouvoir dénicher des instruments intéressants en Suisse romande, car de nombreux musiciens se sont installés sur l'Arc lémanique au 20e siècle. "Et ces instruments sont encore en possession de leur famille ou héritiers", a-t-elle relevé.
Serge Boyer tient toutefois à les mettre en garde: les instruments peuvent se révéler sans beaucoup de valeur sur le marché "quels que soient l'étiquette et le prix auquel l'instrument a été acheté, ce qui peut être amer pour le propriétaire". Mais qu'est-ce qui fait la valeur d'un instrument? Toute une série d'éléments, mais en particulier la provenance: si l'Italie, suivie de la France sont cotées au plus haut, l'Allemagne et les pays de l'Est ferment la marche.
Tandis que la vente aux enchères d'instruments de musique en Suisse a disparu, elle est restée très présente à l'international, avec des maisons comme l'américaine Tarisio. Comme dans le reste du domaine de l'art, les instruments de musique ne cessent de prendre de la valeur, à l'instar des Stradivarius. "Ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour les musiciens", relève encore Serge Boyer. Les luthiers qui fabriquent et vendent les instruments de musique dans leurs ateliers pourraient eux aussi sortir ébranlés du développement de la vente aux enchères.
Sujets radio: Virginie Langerock, avec ats/thc