"L'engagement en faveur de la culture fait partie de l'ADN de la Migros"

L'invitée de La Matinale (vidéo) – Hedy Graber, directrice des Affaires culturelles et sociales à Migros
L'invitée de La Matinale (vidéo) – Hedy Graber, directrice des Affaires culturelles et sociales à Migros / La Matinale / 11 min. / le 21 septembre 2023
Chaque année, le Pour-Cent culturel Migros distribue 160 millions de francs de subventions pour des projets culturels. Invitée dans La Matinale, Hedy Graber, la responsable de la Direction société et culture de la coopérative, explique que cet engagement fait partie de l'ADN de la Migros.

Depuis 1957, la Migros soutient la culture en Suisse. "On s'engage depuis très longtemps", explique Hedy Graber, responsable de la Direction société et culture de la coopérative, dans La Matinale de la RTS. "Le fondateur de la Migros, Gottlieb Duttweiler, avait déjà eu des projets sociaux, des projets de formation, etc. Donc on a une très longue tradition."

Les 160 millions de francs annuels de subventions du Pour-Cent culturel Migros sont affectés à des projets culturels et sociaux. "Et la moitié de cette somme part dans l'éducation", précise Hedy Graber.

Engagement culturel et social

Cet engagement de la part d'un supermarché est "unique au monde", selon elle. En effet, le financement se fait à partir du chiffre d'affaires et non pas du bénéfice. "Ce ne sont pas les clients et les clientes qui vont payer plus cher leur yogourt", affirme -t-elle. "C'est l'entreprise, qui est une coopérative, qui renonce à une partie du bénéfice."

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Autre particularité, le Pour-cent culturel est inscrit dans les statuts de l'entreprise "comme but équivalent au but commercial". "On a cette belle tradition et je ne peux qu'encourager les autres entreprises à investir de la même façon", affirme Hedy Graber.

A travers son Pour-cent culturel, Migros s'engage également "pour la cohésion sociale, pour une société tolérante, pas simplement avec des projets culturels", mais en s'intéressant aussi à des questions de progrès social.

Hedy Graber cite en guise d'exemple l'initiative "Vive l'amitié" lancée en août qui, suite à une étude sur le sujet, encourage les gens à passer du temps avec leurs amis pour entretenir leurs relations. "C'est un projet qui fait du bien à la société", résume Hedy Graber, ajoutant qu'il est aussi "très simple" et "accessible à tous".

Accessibilité de la culture

Pour cette passionnée d'art, il est justement capital de rendre la culture accessible à tout le monde. "L'accessibilité à la culture est quelque chose qui me tient à coeur depuis que j'ai la chance de faire ce métier", affirme Hedy Graber, à la tête de la Direction société et culture de Migros depuis près de 20 ans.

L'accessibilité à la culture est quelque chose qui me tient à coeur depuis que j'ai la chance de faire ce métier

Hedy Graber, responsable de la Direction société et culture de Migros

Si le Pour-Cent culturel finance des offres culturelles de niche, il subventionne aussi des projets qui s'adressent au grand public, "par exemple le festival m4music, qui est le rendez-vous annuel de toute la scène de musique suisse", explique-t-elle.

En tant que membre du Conseil de fondation de Plateforme 10, Hedy Graber a la même ambition pour le pôle muséal lausannois. "Ces trois musées sont beaucoup plus proches maintenant donc ils peuvent s'échanger les publics", dit-elle, assurant que l'offre s'adresse à tout le monde.

Selon elle, il n'est pas nécessaire de comprendre la culture "au sens strict". Il suffit qu'elle nous apporte des émotions. C'est pourquoi elle estime que "la culture se cultive depuis déjà très petit".

Dans l'ADN de la Migros

Si Hedy Graber admet que cet engagement fait du bien à l'image de la Migros, elle ne le considère pas comme une forme de stratégie marketing. "Le marketing investit de l'argent et puis, le lendemain, souhaiterait que tout le monde aille faire ses achats chez nous", affirme-t-elle. "Avec le Pour-cent culturel nous nous engageons sur une durée un peu plus longue dans la société."

"Effectivement, nous désirons avoir aussi un effet positif sur l'image de la Migros", admet-elle, "mais ce que nous essayons aussi de faire, c'est de montrer que l'on peut réaliser des projets en culture, dans la société, qui ne sont pas compliqués et qui sont accessibles", poursuit-elle. "Et si vous trouvez que l'accessibilité, c'est tout de suite du marketing, je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous."

Cet engagement fait partie de l'ADN de la Migros et y renoncer serait aussi renoncer à une partie très importante de cette entreprise

Hedy Graber, responsable de la Direction société et culture de Migros

En près de 70 ans d'histoire, certains changements sont toutefois intervenus dans le soutien apporté par le Pour-cent culturel. "Dans le soutien de la création artistique purement dite, on inclut beaucoup plus les acteurs culturels", explique Hedy Graber. "On tient beaucoup plus compte du feedback du public aussi", ajoute-t-elle.

"Donc on soutient la création d'un côté, et de l'autre, on fait des choix plus pointus", poursuit-elle, expliquant avoir décidé de ne plus s'engager dans la production artistique pour se concentrer sur la distribution, ce qui est "typiquement Migros", selon Hedy Graber.

La coopérative se trouve actuellement en pleine période de réflexion et de restructuration, mais la responsable de la Direction société et culture ne doute pas que l'engagement sociétal et culturel de Migros perdurera.

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"Cet engagement fait partie de l'ADN de la Migros et y renoncer serait aussi renoncer à une partie très importante de cette entreprise", affirme-t-elle. "D'ailleurs, je pense que c'est aussi cet engagement qui distingue la Migros de la concurrence", conclut-elle.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Emilie Délétroz

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