"J'enlève la poussière, mais aussi des fibres qui proviennent des vêtements des touristes. Puis tout en haut, sur la tête, je trouve des petites araignées. Elles y tissent leur toile dans les boucles des cheveux de la statue", explique la restauratrice Eleonora Pucci, lundi dans le 19h30 de la RTS.
Emblème de la Renaissance italienne, le David sculpté par Michel-Ange Buonarroti entre 1501 et 1504 (dans un unique bloc de marbre de Carrare) représente le héros biblique au moment où il s'apprête à affronter le géant Goliath avec sa fronde. Cette statue est souvent considérée comme l'idéal de la beauté masculine.
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Agé de 520 ans, David a subi les affres du temps. Au fil des siècles, des microfissures, tel l'historique du dossier médical d'un patient, se sont formées. Elles doivent donc être régulièrement contrôlées. "Les épaules, les cuisses... Comme la statue a été longtemps exposée à l'extérieur, le marbre est à ces endroits plus poreux", indique Eleonora Pucci.
Chaque année, 1,7 million de visiteurs viennent admirer David. Dépenser 20'000 francs par an pour contrôler les "blessures" du temps est donc le minimum, estime la directrice de la Galerie de l'Académie Cecilie Hollberg. "La culture est une chose unique et irremplaçable. On ne peut pas parler d'argent et se demander si cela vaut la peine ou pas", souligne-t-elle. "Il s'agit d'un investissement très important pour le futur."
Et de renchérir: "David est mon département marketing. Je n'en ai pas d'autre. Il travaille pour nous (sourire)".
Un orteil cassé par un visiteur
Un bras cassé lors d'une révolte au XVIe siècle, un orteil fracassé par un touriste en 1990... la vie du David a été tumultueuse. Dans ses yeux, on peut y voir des siècles d'histoire. Quand elle est seule face à lui, sa restauratrice Eleonora Pucci avoue lui parler.
"Je me demande souvent ce que David peut penser de ce qu'il voit tous les jours, de tous ces gens qui viennent le voir, si vraiment il se sent compris par ceux qui arrivent de loin, si ces gens le connaissent vraiment et comprennent pourquoi il se trouve ici...", se questionne-t-elle.
Il y a 150 ans, en 1873, la statue abîmée par les intempéries a été déplacée vers la Galerie de l'Académie. La copie, placée devant le Palazzo Vecchio, est certainement plus photographiée que l'originale.
Valérie Dupont/vajo