Entre 2003 et 2016, le mot de l'année était désigné uniquement en allemand par le "Bureau du mot de l'année". En 2017, cette tâche a été reprise par une équipe de linguistes de l'Université de Zurich et ce projet a désormais été élargi aux quatre langues nationales (allemand, français, italien et romanche). Pour cette année 2023, une vingtaine de mots-candidats ont été sélectionnés du côté romand.
Un jury composé de dix fervents amateurs et amatrices de littérature (linguistes, journalistes, artistes et spécialistes de la communication) se réunit ce samedi 25 novembre pour débattre de ce corpus officiel. D'autres mots-candidats proposés par le public peuvent également être pris en compte. A l'issue de cette journée, le jury désignera le lauréat romand de l'année 2023 ainsi que deux autres finalistes. Le mot gagnant sera communiqué le mardi 28 novembre.
Présentation de quelques papables parmi la vingtaine de mots-candidats provenant du corpus officiel.
Mots liés à des conflits
Le mot "décombres" est l'un des mots qui ressort le plus souvent des articles de presse de 2023, en lien avec la situation en Ukraine ou plus récemment à Gaza. Il se retrouve aussi dans les différents séismes qui ont touché la Turquie et la Syrie.
Toujours en lien avec le conflit en Ukraine, les mots "contre-offensive" et "réexportation" sortent également du lot. Le terme réexportation fait surtout référence à la position de la Suisse concernant le matériel de guerre.
Economie
Du côté des termes économiques, l'affaire Crédit Suisse et son rachat par UBS en début d'année ont eu pour conséquence d'augmenter les occurrences du mot "banque".
Les mots "inflation" et "renchérissement" se retrouvent également au coeur des priorités des Suisses, notamment par rapport à l'augmentation du prix de la nourriture et de l'électricité. Tout comme le mot "primes" en lien avec celles de l'assurance-maladie qui ont fortement augmenté cette année.
Climat
Le réchauffement climatique a aussi marqué les esprits, ce printemps et cet été. Les trois appellations "chaleur", "température" et "sécheresse" se sont retrouvées dans de multiples articles de presse. Que ce soit pour dire les records de chaleur, mais aussi la durée des périodes de sécheresse.
Le terme "climatosceptique" continue également d'être fortement utilisé.
Les inclassables
S'il y a bien un mot qui est revenu sur de nombreuses lèvres en 2023, c'est celui de "ChatGPT", ce fameux générateur de texte par une intelligence artificielle, autant adulé que décrié. Usuellement, le jury du mot de l'année ne choisit pas de nom propre, mais il pourrait dès lors se rabattre sur la locution "intelligence artificielle".
Quant au mot "mifépristone", il ne vous dit certainement pas grand-chose. Ce stéroïde est utilisé dans la composition des pilules abortives. Dans le contexte américain, la Cour suprême a offert un répit aux défenseurs du droit à l'avortement, mais ce sujet s'annonce déjà comme l'un des enjeux majeurs de la présidentielle de 2024.
Quant à la psychose des "punaises de lit" en octobre dernier dans la région parisienne, elle aura marqué les esprits, dissuadant certains de se rendre dans la capitale. Mais le soufflé semble être légèrement retombé.
Sarah Clément
Si vous souhaitez proposer un mot supplémentaire pour "Le mot romand de l'année 2023", vous pouvez écrire jusqu'au vendredi 24 novembre à 18h00 à l'adresse suivante: lemot@rts.ch. Ces propositions seront transmises au jury.