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L'Âge d'homme tourne la page du Salon du livre

Méventes en 2009, soupçons de rabais préférentiels, le Salon du livre suscite quelques critiques.
Méventes en 2009, soupçons de rabais préférentiels, le Salon du livre suscite quelques critiques.
L'un des fondateurs du Salon du livre de Genève, l'Âge d'homme, ne participera pas à la 24e édition de la manifestation. Motif de sa grogne: un rabais de 50% qui aurait été proposé pour s'assurer la participation de certains concurrents. Le Salon réfute.

L'éditeur lausannois a confirmé mercredi à l'ATS une information
de l'hebdomadaire gratuit "GHI".



"C'est faux", rétorque la directrice du Salon du livre et de la
presse Adeline Beaux. La grille des tarifs est consultable sur
internet depuis juillet 2009 et ceux-ci sont "publics et
transparents", insiste-t-elle. "C'est une parole contre une autre",
relève Marco Despot.



"Malgré les prix, le salon était rentable pour l'Age d'Homme",
précise l'éditeur. "Nos auteurs y allaient pour rencontrer leurs
lecteurs et une vingtaine de nouveautés sortaient à cette
occasion." Mais la maison d'édition ne veut pas "participer à ce
genre d'affaire", précisant que les organisateurs ne lui ont jamais
proposé de rabais.

Les "grands" avantagés

L'éditeur veveysan Xenia envisage également son retrait. "Je
suis en train de consulter mes auteurs", précise son directeur
Slobodan Despot. Pour lui, les prix des salons sont exorbitants.
"Certaines années nous rentrons dans nos frais, d'autres pas",
explique-t-il.



Cette année aura valeur de test pour l'éditeur Bernard Campiche.
"Chaque édition se soldait sur un bénéfice. Mais en 2009, notre
chiffre d'affaires a chuté de 60%. Ce n'est pas soutenable." Il
invoque la crise et un salon devenu une "librairie du livre tout
public" au détriment des livres spécialisés.



Autre problème, celui de l'emplacement. "Nous somme toujours au
fond".



Ce que confirme Michel Moret, directeur des Editions de l'Aire à
Vevey, dont les recettes ont aussi chuté l'année dernière. Le Salon
offre les meilleures places aux plus gros exposants, ce qui
pénalise les éditeurs du pays, souligne-t-il.



Mais contrairement à ses confrères, Michel Moret ne songe pas à
renoncer à la grand'messe genevoise. "C'est un lieu de rendez-vous
important où nos auteurs peuvent rencontrer leurs lecteurs." Les
stands sont chers, mais tous les salons, qu'ils soient à Paris ou à
Bruxelles, pratiquent ce genre de prix, ajoute-t-il.

Salons "voués à disparaître"?

Pour Matthias Huber, qui dirige la maison d'édition Olizane,
spécialisée dans le voyage, "les salons généralistes sont voués à
disparaître". Voilà dix ans qu'il n'y participe plus. "Pour attirer
des gens qui lisent, il faut trouver autre chose", à l'heure
d'internet et des grandes librairies, estime l'éditeur.



Même constat de la part du patron de Xenia: "Le nombre de
visiteurs reste stable, mais ils sont attirés par mille choses, qui
n'ont rien à voir avec le livre. Il faudrait voir quel est le
pourcentage de vrais lecteurs." Des poids lourds du monde du livre
ont renoncé à participer au salon ces dernières années,
rappelle-til, citant l'exemple de Flammarion.



Bernard Campiche regrette aussi l'évolution du salon. A la
première édition, il avait rencontré de nombreux journalistes,
libraires et bibliotécaires. L'année dernière, il n'en a vu presque
aucun. L'éditeur d'Orbe (VD) se demande si l'investissement en vaut
encore la chandelle.

Ouverture le 28 avril

Le Salon du livre et de la presse ouvrira ses portes le 28 avril
prochain, pour les refermer le 2 mai. "Nous avons davantage
d'éditeurs et d'animations que l'année dernière, tout se passe très
bien", indique pour sa part Adeline Beaux, sans avancer de
chiffre.



ats/her

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