En crise, la Maison d'Ailleurs compte sur la Ville d'Yverdon-les-Bains pour la sauver
Ce montant visera à rembourser une ligne de crédit et éponger des dettes, la situation financière actuelle étant "précaire", ont expliqué Gloria Capt et Julien Wicki, coprésidents du Conseil de fondation, jeudi devant la presse.
Tous deux sont revenus sur les raisons qui ont conduit le musée à connaître "crise sur crise" depuis trois ans. Sans le nommer, ils ont jugé que l'ancien directeur Marc Atallah, qui a démissionné l'automne dernier, n'était pas parvenu à "anticiper et résoudre" les difficultés de la Maison d'Ailleurs.
Ils ont notamment signalé une chute de la fréquentation à environ 13'500 visiteurs en 2023 et 2024, contre près de 24'000 pour les grandes expositions des années 2010. "La qualité des dernières expositions a baissé et entraîné une perte au niveau de la billetterie", a estimé Gloria Capt.
Selon elle, le musée souffre actuellement "d'un manque de lisibilité, "d'un flou identitaire". La Maison d'Ailleurs a perdu "son aura scientifique" et n'exploite pas assez ses collections, a-t-elle ajouté. Il revient au nouveau directeur, Frédéric Jaccaud, de "reprendre en main" le musée, de le "recentrer sur sa mission historique".
Financement problématique
De son côté, Julien Wicki a mentionné "l'échec du modèle de financement" de l'ancienne direction qui, selon lui, s'appuyait trop sur de l'argent privé, alors que "le socle" aurait dû reposer sur la subvention de la Ville d'Yverdon. "Ces sources externes se sont taries", a-t-il dit, relevant la perte de plusieurs mandats.
Une "imbrication" trop importante avec le festival des Numerik Games a aussi été avancée pour expliquer les difficultés de la Maison d'Ailleurs. "Les forces du musée ont été déployées ailleurs", a indiqué Gloria Capt.
Interrogée sur une éventuelle défaillance du Conseil de fondation dans son rôle de surveillance, Gloria Capt a affirmé que celui-ci n'était pas au courant de tout. Elle a notamment jugé "inadmissible" que l'ancien directeur ne rapporte pas un dépassement de budget de 150'000 francs de l'exposition "Révolte" en 2023.
Postes supprimés
Egalement présente jeudi devant la presse, Carmen Tanner, la municipale en charge de la culture, a estimé que le musée avait vécu "au-dessus de ses moyens" ces dernières années. Elle a toutefois assuré du soutien de la Ville: "La Maison d'Ailleurs est une institution qui compte à nos yeux."
La cité thermale compte même relever sa subvention annuelle à partir de 2027, la faisant passer de 610'000 francs à 660'000 francs. Plusieurs mesures ont déjà été entreprises pour assainir la situation financière du musée. Celui-ci ne compte plus que 3,1 postes (EPT), contre 7,6 en 2022. Des baux ont été résiliés et la boutique "Pop invaders" a été fermée.
Le budget 2025, pas encore validé, devrait avoisiner les 800'000 francs. Il doit être financé à hauteur de 80% par la subvention communale, contre environ 50% ces dernières années.
ats/ld