La chanson de Nemo, "The Code", séduit les fans de l'Eurovision, et le Biennois est également donné gagnant parmi les bookmakers depuis des semaines lors du concours qui aura lieu à Malmö. Sa chanson a même dépassé les quatre millions d'écoutes sur la plateforme Spotify.
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Trente-six ans après la victoire de Céline Dion, la Suisse n'a jamais été aussi proche de remporter à nouveau l'Eurovision, un concours organisé depuis 1956 par l'Union européenne de radio-télévision (UER). "Nous sommes convaincus que nous pouvons obtenir un bon classement pour la Suisse cette année avec Nemo et 'The Code'", explique Yves Schifferle, chef de la délégation suisse, mardi dans La Matinale de la RTS.
"Cette confiance n'est pas infondée, mais plutôt basée sur les retours euphoriques des fans et de la presse. Je n'ai jamais reçu autant d'e-mails et de messages WhatsApp. Les gens sont enthousiastes et ils ont une raison de l'être. Pour le moment, nous sommes donnés gagnants. Cela nous donne confiance", confie-t-il.
Nous n'avons jamais eu autant de chances de gagner!
Jean-Marc Richard, commentateur du programme depuis plus de trois décennies pour la RTS, partage également cet optimisme: "Nous n'avons jamais eu autant de chances de gagner! Nous avons été proches avec Gjon's Tears (le Fribourgeois a terminé troisième en 2021, ndlr). Mais cette année, c'est encore plus fort, car la concurrence est un peu moins évidente. Je suis assez confiant, même si cela reste la Suisse et que nous sommes un pays plus petit que d'autres pour le vote du public. Mais le vote du jury ne laisse aucun doute."
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Selon Jean-Marc Richard, le succès de Nemo s'explique par sa personnalité unique. "Nous avons atteint un niveau de qualité difficilement égalable en matière de chanson. Mais la personnalité de Nemo fait toute la différence: il est extrêmement aimable, il a un petit côté perché, dans le sens où il fait face aux difficultés avec aisance, gentillesse et amabilité. De plus, il possède une capacité vocale incroyable! Sa performance est toujours juste, ce qui n'est pas le cas pour certains autres artistes. On peut être charmé par leur performance vidéo, mais en concert, c'est souvent décevant. Ce n'est pas le cas pour Nemo. Il n'a jamais déçu."
"Des recherches préliminaires"
Si Nemo l'emportait, ce serait donc à la Suisse d'accueillir l'événement en 2025. En effet, c'est toujours au pays gagnant d'organiser et d'accueillir l'édition suivante, sauf circonstances exceptionnelles. En 2023, par exemple, malgré la victoire en 2022 de Kalush Orchestra, l'Ukraine a laissé sa place au Royaume-Uni pour des raisons évidentes de sécurité.
En cas de victoire suisse, la Société suisse de radiodiffusion et télévision (SSR) aurait la mission d'organiser l'événement. Comme Nemo est en tête des pronostics, la SSR a déjà effectué "quelques recherches préliminaires", indique le porte-parole de la SSR Nik Leuenberger. Elle assure le faire à chaque fois que le succès de la chanson "made in Switzerland" est au rendez-vous.
Organiser l'Eurovision "serait un défi", admet la SSR, "avec un impact important sur le budget et les ressources". Cependant, elle se veut rassurante en soulignant que d'autres chaînes en Europe ont réussi à financer l'événement.
Une rumeur a pourtant refait surface l'an dernier dans les coulisses de l'Eurovision. Un ancien directeur des divertissements de France 2 affirmait avoir reçu en 1999 l'"ordre de perdre" de la part de l'ancien patron de France Télévision pour des "raisons économiques", dans les colonnes du journal Le Parisien.
Perdre l'Eurovision pour ne pas l'organiser l'année suivante? C'est une légende urbaine
Jean-Marc Richard balaye cette affirmation d'un revers de main, assurant qu'il s'agit d'une "légende urbaine". Il cite l'exemple de la Turquie, qui a remporté le concours en 2003 "au détriment" de la Belgique, ce qui avait suscité des accusations selon lesquelles la Belgique aurait volontairement perdu. Cependant, il souligne qu'il s'agissait uniquement du vote du public et que ce genre d'allégations est souvent utilisé comme excuse lorsque les résultats ne correspondent pas aux attentes.
Aucune consigne en Suisse
Jean-Marc Richard assure qu'il n'a jamais été question de perdre de la part de la Suisse, même si certains responsables sont préoccupés par les coûts potentiels élevés de l'organisation de l'événement. Il souligne que ce serait absurde pour la SSR de saboter ses chances de victoire après tant d'efforts pour parvenir au niveau actuel. Il évoque la collaboration avec les artistes et compositeurs suisses via des camps d'écriture de chansons organisés par la Société suisse pour les droits des auteurs d'œuvres musicales (SUISA).
En ce qui concerne les coûts, la SSR ne souhaite pas avancer de chiffres précis, mais le budget des dernières éditions se situait entre treize et trente millions de francs. La SSR va mener des discussions pour connaître les coûts de l'événement auprès de pays ayant accueilli le concours ces dernières années: les Pays-Bas, le Portugal, l'Italie ou l'Autriche.
Dans tous les cas, la SSR ne devrait pas supporter seule les coûts. Les droits de retransmission payés par une cinquantaine de membres de l'UER devraient couvrir une grande partie des frais. S'ajouteraient les sponsors et la vente de billets pour les deux demi-finales et la finale.
Genève, une option
La ville hôte devrait également contribuer financièrement à l'organisation de l'événement. Plusieurs villes suisses sont déjà pressenties, notamment Zurich, Bâle et Genève, qui disposent des infrastructures nécessaires pour accueillir l'Eurovision. "Ce n'est pas évident d'organiser un concours comme ce fut le cas il y a quelques années à Lausanne (1989, ndlr). Maintenant, le concours a pris une telle envergure", explique Jean-Marc Richard.
Contactée par la RTS, la Ville de Genève confirme avoir reçu une demande d'"information préliminaire" par e-mail de la part de la SSR, mais elle attend les résultats du concours avant de prendre une décision. "Si la Suisse gagne, nous serions ravis d'accueillir un événement tel que l'Eurovision. Genève est une ville accueillante, de congrès…", indique le maire de Genève Alfonso Gomez.
Des millions de retombées économiques
Liverpool a débloqué une enveloppe de plus de 2 millions de francs pour l'événement en 2023. Un montant doublé par les autorités de la région. L'UER, la BBC et le gouvernement britannique ont apporté une aide supplémentaire pour un budget total estimé entre 9 et 19 millions de francs.
Les retombées économiques sur les restaurants, les commerces, les bars et les hôtels ont été estimées à plus de 60 millions de francs par la région et la ville a accueilli plus de 470'000 visiteurs, sans compter les 160 millions de téléspectateurs et téléspectatrices à travers le monde qui ont vu la finale.
Valentin Jordil