Des bulletins météo en patois valaisan pour faire vivre cette langue orale oubliée

Cours de patois au centre scolaire d'Evolène en Valais. [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
Cours de patois au centre scolaire d'Evolène en Valais. - [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]
En Valais, La Fédération cantonale des amis du patois a lancé depuis octobre dernier un bulletin météo hebdomadaire en patois. L'occasion de découvrir la richesse de cette langue avec la dialectologue Gisèle Pannatier.

Langue orale, uniquement maîtrisée par les plus anciens, le patois valaisan et sa transmission sont menacés. C'est pourquoi depuis septante ans, la Fédération cantonale des amis du patois multiplie les actions pour faire vivre et valoriser cette langue d'origine franco-provençale.

A l'occasion de cet anniversaire, la fédération valaisanne, en collaboration avec les Amis du Patois de Troistorrents qui fête ses trente ans, propose chaque semaine sur internet un bulletin météo dans un des patois régionaux (Bagnes, Anniviers, Evolène, etc)

Un vocabulaire très riche

A l'instar des Inuits et de leur cinquantaine de mots pour décrire la neige, le patois valaisan est aussi une langue fortement influencée par son environnement.

>> A écouter, l'interview de la dialectologue Gisèle Pannatier dans Forum :

Un bulletin météo en patois valaisan: interview de Gisèle Pannatier
Un bulletin météo en patois valaisan: interview de Gisèle Pannatier / Forum / 8 min. / le 6 janvier 2025

"C'est une langue orale qui s'est développée dans des conditions géographiques, sociologiques tout à fait spécifiques, détaille la dialectologue valaisanne Gisèle Pannatier dans l'émission Forum du 6 janvier. Elle se caractérise par l'observation de la nature, l'observation du monde". Et la spécaliste d'ajouter: "C'est aussi une langue du concret, de l'action, où le verbe a beaucoup d'importance".

Une situation délicate

Hormis l'exception de la commune d'Evolène (où toutes les générations sont à même de s'exprimer en patois), le nombre de locuteurs capable de le parler diminue drastiquement.

Dans ce contexte, l'école a un rôle à jouer, selon Gisèle Pannatier. Pour la dialectologue, l'idée n'est pas tant de transmettre cette langue orale, mais plutôt de la valoriser: "A mon sens, l'école devrait transmettre le savoir sur le patois, parce que la réalité linguistique en Suisse romande est souvent peu connue".

Pour la présidente de la Fédération valaisanne des amis du patois, "la valorisation de la langue contribue aussi à la position de celle-ci dans la société. Or, pendant longtemps, le patois a été décrié et méprisé, comme étant un instrument hostile au progrès".

Outre les bulletins météo, la Fédération des amis du patois propose aussi des textes et des pièces de théâtre. Sans oublier la pratique quotidienne qui peut se faire avec les aînés des communes.

Propos recueillis par Thibaut Schaller et Valentin Emery

Adaptation web: Sarah Clément

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