L’électro ne serait pas l’électro telle qu’on la connaît aujourd’hui sans la naissance de deux frères chimiques (mais sont-ils réellement frères au juste, et sont-ils vraiment chimiques?). Au même titre que les Prodigy ou Fatboy Slim, les Chemical Brothers ont contribué à populariser le genre avec leurs «big beats», en délivrant régulièrement des tubes à danser, dont le représentant ultime est sans conteste «Hey Boy Hey Girl» - dix ans déjà ! -, sans pour autant rogner sur les exigences de qualité.
Aujourd’hui, Tom Rowlands et Ed Simons prouvent avec «Further» qu’ils comptent poursuivre leur chemin, une lente métamorphose vers une électro plus minimale.
Moins de beats, plus de minimale
Tout commence par une longue intro prometteuse, qui débouche sur un 2e morceau très «chemical»: les Britanniques font monter la sauce avant le lâchage de beats («Escape Velocity»). Par la suite, le duo alterne une électro plus aérienne («Another World», « Wonders of The Deep») et le groove gentil («Dissolve», «Swoon») avant de lâcher les chevaux une bonne fois pour toute sur le puissant «Horse Power».
On se retrouve donc projeté par moment dans un monde plus proche d’Air que des Chemical Brothers des années 90, sur un disque huit titres moins charpenté que le précédent «We Are The Night». Ce n’est pas renversant, mais pas déplaisant non plus.
Les Melvins, empêcheurs de tourner en rond
Plus de 20 ans d’activités, des albums produits avec une régularité de métronome – 18 depuis 1987, si l’on a bien compté -, et pourtant les Melvins parviennent encore à nous surprendre. Avec «Bride Screamed Murder», les Américains s’arrogent quelques (nombreuses) libertés avec leur réputation de papes de la grunge pour livrer leur album le plus atypique, non sans figurer parmi les plus réussis du groupe.
Si «Nude With Boots» (2008, bonne cuvée) frappait par sa cohérence, «Bride Screamed Murder» se démarque par un éclatement des genres, preuve que les Melvins sont capables de tout. Du meilleur, du pire, et surtout du meilleur.
Le disque le plus atypique de la bande
Pour se convaincre qu’il s’agit bien là d’un ovni dans la discographie des Américains, il suffit d’écouter les premières notes du disque. Après quelques riffs qui ne surprendront personne, «The Water Glass» se transforme en parade militaire. L’immense batteur Dale Crover s’ébaudit au pas, s’amuse avec des roulements de tambour et nous joue même un air de samba, alors que Buzz Osborne et sa bande clament en chœur un «We are ready» tout droit sorti de la Navy.
La suite est tour à tour sludge, stoner, voire stoner doom pour «My Generation», reprise méconnaissable – si ce n’est les paroles - du célèbre titre des Who. Et c’est sans parler de l’énigmatique dernier titre, «P.G. x 3». On en rigole encore, car tout cela est décidément très habile et impertinent…
Paul Weller, jamais assagi
A 52 ans, Paul Weller ne semble pas rassasié. Le franc tireur des Jam, en solitaire depuis 15 ans, après un disque folk («22 dreams», 2008) primé au Brit Awards l’an passé, a toujours envie d’en découdre. Avec l’abrasif «Wake Up The Nation» - tout un symbole – c’est chose faite.
Il compte désormais 10 albums solo. Seize titres, dont la plupart ne dépassent pas les trois minutes: l’Anglais ne fait pas dans la dentelle, mais dans le concis et l’efficace, et au passage botte le cul des fans de Facebook et autres amateurs de téléphones portables. Du rock n’roll, donc, adouci de funk et de folk, avec quelques rutilants morceaux, à l’image de «Fast Car / Slow Traffic», en duo avec une autre légende des Jam, le bassiste Bruce Foxton.
Patrick Suhner
Les autres albums attendus
Ozzy Osbourne, "Scream" (11 juin)
Gérôme Gallo, "Quelle Histoire" (11 juin)
We are scientists, "Barbara" (18 juin)
Eminem, "Recovery" (18 juin)
Herbie Hancock's, "The imagine project" (18 juin)
Lissie, "Catching a Tiger" (18 juin)
Scissor Sisters, "Night work" (28 juin)
Kula Shaker, "Pilgrim's Progress" (29 juin)
Kylie Minogue, "Aphrodite" (2 juillet)
Enrique Iglesias, "Leather" (5 juillet)
Limp Bizkit, "Gold Cobra" (juillet)
Grinderman, "Grinderman 2" (10 septembre)
L'info musicale de la semaine
Chris Brown s'est vu refuser l'entrée au Royaume-Uni, et a dû en conséquence repousser une série de concerts programmés à Londres, Manchester, Birmingham et dans la ville écossaise de Glasgow. Le ministère britannique de l'Intérieur a précisé que les autorités avaient refusé de lui octroyer un visa en raison de sa condamnation aux Etats-Unis. L'an dernier, le rappeur américain a écopé de cinq ans de sursis avec mise à l'épreuve et de six mois de travail d'intérêt général pour avoir battu sa compagne de l'époque, la chanteuse Rihanna.