"Si Edward Hopper a été beaucoup montré aux Etats-Unis et en Europe, il n'a fait l'objet que d'une seule rétrospective en Suisse, à Genève, il y a vingt ans", a expliqué jeudi devant la presse Juliane Cosandier, directrice de l'Hermitage.
L’évolution d’un style
L'exposition montre comment son style a évolué. Elle dévoile ses peintures, mais aussi de nombreux dessins, estampes ou aquarelles. "Ce n'est pas une exposition de tous ses chefs-d'oeuvre. Mais elle montre un Edward Hopper un peu plus profond", a expliqué Carter Foster, conservateur au Whitney Museum of American Art à New York.
L'accrochage éclaire le travail de l'artiste en exposant, parfois côte à côte, les dessins préparatoires et le tableau réalisé. Une série de 14 croquis montrent les étapes de création du "Théâtre Sheridan". "Edward Hopper fait des annotations pour comprendre l'architecture, combiner les couleurs", explique Carter Foster.
La femme au coeur du mystère
Peintre des petites villes et des scènes en apparence banales, Hopper affectionne les lieux tranquilles et familiers. Ses tableaux revêtent un caractère mystérieux ou mélancolique. Souvent déserts, ils sont parfois habités par des figures immobiles, comme figées dans l'attente de leur destin.
Sa femme Jo lui sert souvent de modèle. "Une femme seule dans une chambre à coucher est un thème important dans toute sa carrière", note Carter Foster. "Pour lui, l'intérieur d'une personne et l'intérieur d'une maison ont un lien".
L'exposition consacre une salle à ses autoportraits, une autre à ses peintures érotiques et à ses gravures. Elle montre l'influence déterminante de ses séjours à Paris de 1906 à 1910. "Soir bleu", par exemple, fait écho à l'oeuvre de Toulouse-Lautrec et Degas.
Collaboration avec la Cinémathèque
Avant l'Hermitage, l'exposition est passée par Milan et Rome. A Lausanne, elle s'accompagne d'un cycle de 17 films qui seront projetés cet été à la Cinémathèque suisse. "Edward Hopper aimait le cinéma", a constaté Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque.
Il a inspiré de nombreux cinéastes, dont Jim Jarmusch, Wim Wenders ou Antonioni. Une de ses oeuvres a servi de modèle au motel de "Psycho", le film d'Alfred Hitchcock.
ats/bkel