Le Lausanne Underground Film & Music Festival (LUFF) ouvrira les feux de sa 9e édition mercredi soir avec Surviving Life, première suisse du dernier film de Jan Svankmajer, maître tchèque de l’animation qui propose un récit romantico-absurde truffé d’humour et à l’imagination débordante. Le Tchèque, maître du surréalisme et de l’animation, fait d'ailleurs l’objet d’une rétrospective qui permettra au public de découvrir des œuvres trop souvent ignorées par les circuits commerciaux, à l’image d’Alice (1989) – pourtant lauréat du meilleur film à Annecy -, Faust(1994) ou Démence (2005).
Michael Snow constituera un autre point fort de cette 9e édition. Avec ce cinéaste, peintre et sculpteur canadien, auteur de Wavelength et La région centrale, le LUFF propose une plongée dans l'expérimentation spatiale et temporelle du cinéma, en présence du réalisateur de 80 ans.
Pornographie, nécrophilie et pneu tueur
L'underground ne connaît pas de frontières de genres. Ainsi, le LUFF n'hésite pas à ressortir quelques films pornos français des années 70, une carte blanche offerte au spécialiste en la matière, le Français Christophe Bier. Quatre films emblématiques de cette période seront projetés en 35 mm, dont le célèbre « Mes nuits avec…Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard » (1975), en présence du réalisateur Michel Barny.
Mais le LUFF propose également une plongée dans le «nécrocinéma» du sulfureux réalisateur allemand Jörg Buttgereit ainsi qu’un hommage à l’un des plus atypiques artisans du cinéma bis européen, Jean Louis Van Belle, auteur de l’oublié Sadique aux dents rouges.
Enfin, le LUFF conclura son édition 2010 samedi soir avec, en avant-première avant sa sortie le 10 novembre en Suisse, le chef-d’œuvre anti-conformiste de Quentin Dupieux, Rubber, l’histoire improbable d’un pneu tueur, qui avait déjà marqué le Festival de Locarno.
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Variations sonores pour le programme musical
De son côté, la musique est marquée par des expériences sonores. Ainsi, mercredi, Michael Gendreau, physicien américain spécialisé dans l’acoustique des bâtiments, travaillera la résonance de la Salle des fêtes du Casino de Montbenon et en amplifiera les défauts pour générer des sons. Il sera suivi par les concerts de l’Italien Valerio Tricoli, du duo suédois The Sons of God, de Carl-Michael von Hausswolff, également suédois, ainsi que du Polonais Robert Piotrowicz, tous des orfèvres de l’expérimentation sonore.
Le jeudi sera noise avec le Japonais Hijokaidan, sans doute le plus connu des groupes de noise japonais, qui sera précédé de Ramleh et Monster War, qui joueront sur le film Banzaï Detroit.
Vendredi, c’est un groupe légendaire de la vague punk hardcore des années 80, Discharge, qui se produira pour une date exclusive en Suisse. Leurs guitares et leurs chants enragés seront confrontées à la furie sonore d’Incapacitants.
Samedi, la soirée sera placée sous le signe des Editions Mego, avec quelques-uns de leurs meilleurs représentants: Fennesz, Oneohtrix Point Never et Cindytalk, pour un samedi soir qui finira, comme chaque année, de manière très festive. Enfin, pour la première fois, le LUFF clôturera son programme musical dimanche soir au Café-Théâtre du Bourg avec Bruce Gilbert, autre fer de lance des Editions Mego.
Hors cinéma et musique
Outre le vernissage d'une recueil de textes de Michaël Gendreau co-édité par le festival, le LUFF propose une exposition intitulée The Creme Filled Palace sur l’œuvre de Destroy All Monsters en collaboration avec l’espace d’art 1m3, et présentera, au Romandie, une performance live de GOL sur le film-choc La chasse à la baleine.
La création 2010, que le LUFF organise chaque année sur concours, a quant à elle pour thème la vidéo surveillance, avec une installation qui tentera de corrompre et de pervertir la logique du contrôle devenu aujourd’hui un vrai enjeu de société dans nos villes.