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Godard "oscarisé" pour l'ensemble de sa carrière

Jean-Luc Godard ne s'est pas déplacé à Hollywood pour recevoir son prix.
Jean-Luc Godard n'est pas tendre envers la Suisse.
Jean-Luc Godard est entré samedi soir au Panthéon d'Hollywood lors de la cérémonie des Governors Awards, en recevant un Oscar d'honneur et l'hommage appuyé d'un parterre de stars, qui ont regretté son absence mais salué l'homme qui "a changé la façon de faire du cinéma".

Le cinéaste franco-suisse, qui n'est pas allé à Los Angeles recevoir sa statuette, a été distingué pour "la passion, le défi et la création d'un nouveau type de cinéma", selon l'Académie des sciences et techniques du cinéma.

Les Governors Awards marquent depuis leur création en 2009 le début de la saison des prix à Hollywood, avec la remise des Oscars d'honneur - auparavant décernés lors de la cérémonie télévisée des Oscars.

Un parterre de stars

"Jean-Luc Godard n'a pu se joindre à nous ce soir. C'est regrettable", a déclaré en ouverture de cérémonie Tom Sherak, le président de l'Académie. "Mais son absence ne diminue en rien notre respect et notre estime pour son travail de cinéaste, et je veux que vous sachiez que ce prix représente beaucoup pour lui", a-t-il ajouté à l'adresse d'une salle où avaient notamment pris place Robert De Niro, George Lucas, Kevin Spacey, Kathryn Bigelow, Oliver Stone, Clint Eastwood, Natalie Portman, Warren Beatty et Annette Bening.

Le scénariste Phil Robinson a déclaré avec humour que "Godard avait changé la façon d'écrire, de réaliser, de tourner et de monter. Il n'a pas seulement bouleversé les règles. Il les a écrasées en voiture avant de repasser dessus en marche arrière pour être sûr qu'elles soient bien mortes".

Des positions controversées

Et c'est à la documentariste Lynne Littman qu'est revenu le soin d'aborder le Godard "politique" - dont les positions controversées sur Israël et les Juifs avaient amené une partie de la presse américaine à s'interroger sur le bien-fondé de son Oscar. "Godard n'a jamais utilisé son art pour promouvoir le sectarisme", a-t-elle affirmé. "Aujourd'hui encore, il se comporte mal. Mais j'aime à penser que pour la première fois ce soir, cela peut vous rapporter un Oscar".

Le dernier mot a été donné à Vincent Cassel - de passage à Hollywood pour défendre "Black Swan" de Darren Aronofsky - qui a rappelé l'influence du cinéaste de 79 ans sur "des générations de cinéastes", avant d'ironiser sur sa personnalité "lumineuse et solaire", alors qu'apparaissait à l'écran une photo du cinéaste, plus ombrageux que jamais.

afp/sbo

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Francis Coppola et Eli Wallach primés

Le trophée Irvin Thalberg, récompensant une carrière de producteur, a été décerné à Francis Ford Coppola, entouré de sa famille - notamment sa fille Sofia et son fils Roman -, donnant lieu à une longue ovation.

George Lucas a rendu hommage au réalisateur du "Parrain", géant d'Hollywood et ange gardien de toute la génération du Nouvel Hollywood dans les années 70. "Francis n'a jamais eu peur de faire l'impossible pour s'assurer que sa vision artistique était réalisée. Et il a pu aider les autres à faire leur films comme ils voulaient, sans l'intervention des studios", a-t-il dit.

Après la cérémonie, le buste de Thalberg sur les genoux, Francis Ford Coppola a déclaré à l'AFP: "C'est merveilleux. J'ai toute ma famille autour de moi, mes amis et mes collègues. Je ne pourrais pas être plus heureux".

Avant de glisser un mot sur Godard: "Nous n'avons jamais travaillé ensemble, mais je l'ai rencontré à de nombreuses reprises. C'est quelqu'un de formidable, je dois dire. J'ai beaucoup de souvenirs de cet étrange personnage.

L'Académie a aussi distingué l'acteur Eli Wallach, 94 ans ("La Poupée de chair", "Les Désaxés", "Le Bon, la brute et le truand", "Le Parrain 3"...), salué avec humour par Robert De Niro: "Je suis à une étape de ma carrière où rien ne me fait plus plaisir que de voir un acteur encore plus vieux que moi".