Dès son ouverture en 1967, le Montreux Jazz Festival (MJF) a réalisé l'enregistrement de ses concerts. Or il n'en existe qu'une seule et unique copie, a déclaré Claude Nobs mercredi devant la presse dans son chalet de Caux, dans le canton de Vaud. Le patron du MJF s'est réjoui d'avoir trouvé des partenaires privés pour pérenniser des bandes qui représentent près de 50 années de passion pour la musique.
La plus grande vidéothèque de musique contemporaine
"Ce matériel représente la plus grande vidéothèque au monde de musique contemporaine des années 60 à nos jours", a souligné Claude Nobs. Il y a quelques années, elles n'intéressaient personne. Ni la Confédération, ni le canton de Vaud, ni la commune de Montreux ne les ont voulues, a-t-il rappelé.
La société de Claude Nobs "Montreux Sounds" a récupéré toutes les bandes dispersées dans le monde, dont certaines ont failli être détruites. Une mécène australienne a avancé le premier million et l'engagement financier d'un sponsor privé a permis de lancer le projet d'un coût total de cinq millions, a souligné Claude Nobs.
Le président de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) Patrick Aebischer a raconté avoir été "effarouché" en constatant il y a quatre ans que le seul exemplaire des archives du MJF était conservé dans le chalet du patron du MJF. "Il est de notre devoir de faire une copie pour que ce trésor soit accessible aux autres générations. D'autre part, il s'agissait d'un challenge technologique pour l'EPFL", a-t-il déclaré.
Sous la supervision de l'institution, le contenu des 5000 heures de vidéo réalisées lors de 4000 concerts sera numérisé dès 2011. L'opération est effectuée par des spécialistes à Paris, a expliqué Eric Merk, responsable des partenariats à l'EPFL.
Ouverture au public dans l'avenir
L'EPFL sera elle chargée de gérer le stockage, la sécurité et la protection des documents numérisés ainsi que leur accès. Il s'agira également de valoriser la richesse exceptionnelle de ce patrimoine musical grâce aux recherches de pointe en informatique et en audiovisuel, par exemple dans le domaine de la 3D.
Enfin, et le défi n'est pas des moindres, la haute école sera chargée d'assurer la préservation optimale de ces documents pour les générations futures. On sait qu'il faut changer de support tous les sept ans, a relevé Eric Merk. Le projet de recherche occupera quelque 20 laboratoires à l'EPFL.
Les archives ainsi numérisées seront mises à disposition des chercheurs, des étudiants, des musiciens et des professionnels. Leur ouverture au public se fera progressivement, mais des documents seront visibles au travers des Montreux Jazz Café, a souligné Claude Nobs.
ats/hof
L'EPFL développe un pôle de compétences
L'EPFL profitera de ce riche héritage de base pour lancer son MetaMedia Center, un pôle de compétences pour la valorisation et le développement des recherches dans les médias.
Ce projet prévoit la construction d'un nouveau bâtiment en face du Learning Center.
Il pourrait accueillir d'autres archives, comme celles de la Cinémathèque et de l'Office fédéral de la culture.
Le coût global du projet se monte à 22 millions de francs, y compris les cinq millions de la numérisation des bandes du Montreux Jazz Festival.
L'EPFL compte devenir incontournable dans le domaine de la conservation des archives, a relevé Eric Merk, responsable des partenariats à l'EPFL.
L'institution utilise des fonds privés, a précisé Eric Merk.
L'argent public ne concernera que la construction du Meta Center, qui sera ouvert au public.
Pour ce projet, l'EPFL dispose de huit millions du Conseil des EPF et de six millions en prêt.