Céline, auteur de talent toujours infréquentable

Dans la nuit qui a précédé sa décision, annoncée vendredi, le ministre français de la culture a relu "Bagatelle pour un massacre", un pamphlet de 1937, dans lequel Louis-Ferdinand Céline affiche pour la première fois son antisémitisme. "Ca m'a suffit", a-t-il affirmé pour expliquer sa décision.

"Le talent de Céline était jusque dans les textes abominables", a relevé Frédéric Mitterrand. Le ministre avait annoncé vendredi avoir "décidé de ne pas faire figurer Céline dans les célébrations nationales". Une décision prise "après mûre réflexion, et non sous le coup de l'émotion", avait-il tenu à préciser.

Décision "insensée"

L'écrivain Philippe Sollers a critiqué samedi cette décision "insensée", estimant qu'on ne pouvait faire meilleure publicité à Céline. "Tout ceci est extrêmement négatif. C'est une façon de jouer avec le feu qui me semble extrêmement dangereuse", a ajouté Philippe Sollers, qui a publié de nombreux auteurs consacrés à Céline.

Immense écrivain, et l'un des plus traduits, Céline, mort il y a 50 ans et marqué du sceau de la collaboration et de l'antisémitisme, était inscrit dans ce recueil des célébrations officielles aux côtés de Blaise Cendrars, Franz Liszt, André Leroi-Gourhan ou encore Georges Pompidou.

Auteur du "Voyage au bout de la nuit" ou encore de "Mort à crédit", Louis-Ferdinand Céline (1894-1961) a rédigé de nombreux pamphlets violemment antisémites avant et pendant l'Occupation.

Le célèbre chasseur de nazis Serge Klarsfeld, président de l'association des fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), s'était notamment indigné cette semaine de voir l'anniversaire de la mort de Céline (1894-1961), inscrit dans ce recueil des célébrations officielles.

agences/ther