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Le génie de Spiegelman récompensé à Angoulême

"Maus" avait marqué les esprits à sa sortie dans les années 80. [Scott Wintrow]
"Maus" avait marqué les esprits à sa sortie dans les années 80. - [Scott Wintrow]
L'auteur américain Art Spiegelman a été récompensé dimanche soir au Festival international de bande dessinée d'Angoulême. Le père du mythique "Maus", ouvrage sur l'holocauste qui lui a valu en 1992 le seul prix Pulitzer attribué à une BD, a reçu le grand prix de rendez-vous annuel.

Art Spiegelman a reçu le Grand Prix du 38e Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (ouest de la France), devenant le seul artiste américain, avec Robert Crumb en 1999, à avoir été couronné dans la ville de l'ouest de la France, où se réunissent chaque année tous ceux qui comptent dans le monde du 9e art.

Très applaudi, le Grand Prix du festival, présidé par le bédéiste Baru, a été révélé lors de la cérémonie de clôture du Festival, en présence du ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, qui avait remis un peu plus tôt au scénariste belge Jean Van Hamme les insignes de commandeur des Arts et Lettres.

"Un peu comme Obama quand il a reçu le Nobel"

Figure phare de la bande dessinée underground américaine des années 70-80, Art Spiegelman, né en 1948 à Stockholm, a bouleversé le paysage de la BD en publiant au milieu des années 1980 "Maus", chronique douloureuse de la Shoah, traduite en une vingtaine de langues. Les Allemands y sont représentés en chats et les victimes de l'Holocauste en souris.

Le sexagénaire vit à New York avec sa femme, la Française Françoise Mouly, directrice artistique de l'hebdomadaire New Yorker pour lequel il avait réalisé la couverture du numéro du 24 septembre 2001, le premier suivant le 11-Septembre, resté l'un des dessins politiques les plus forts de la décennie, montrant en noir sur fond sombre les silhouettes des Tours jumelles.

Art Spiegelman a avoué qu'il se sentait "un peu comme le président Obama quand il a reçu le prix Nobel de la paix", "étant donné mes pauvres talents en tant que dessinateur". "Merci beaucoup pour cet honneur incroyable", a immédiatement réagi Art Spiegelman, joint par téléphone aux Etats-Unis depuis la scène du théâtre d'Angoulême, sous les applaudissements du public. "Angoulême est vraiment la capitale de la culture et de la bande dessinée dans le monde moderne. J'ai tellement appris de la bande dessinée française", a continué le père de "Maus".

afp/boi

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Les autres prix décernés à Angoulême

Le jury du festival a aussi rendu hommage à la jeune génération en décernant son prix du meilleur album à l'Italien de 35 ans Manuele Fior pour "Cinq mille kilomètres par seconde", une histoire d'amour entre trentenaires pris dans le tourbillon des moyens de communications modernes ultra-rapides.

Quant au Prix du jury, il a été décerné à "Asterios Polyp" de l'Américain David Mazzucchelli (Casterman), connu pour avoir illustré les aventures de Daredevil et de Batman.

Le Prix de la série revient à "Il était une fois en France" de Fabien Nury et Sylvain Vallée et le Prix Jeunesse au tome 3 des "Chronokids", avec la participation de Zep.

"Le bleu est une couleur chaude" reçoit le Prix du public.

Les deux Prix Révélation ex-aequo sont "La parenthèse" de Elodie Durand et "Trop n’est pas assez" de Ulli Lust.

Le Prix Intergénérations revient à "Pluto" des Japonais Naoki Urasawa et Osamu Tezeuka.

La Prix du Patrimoine est décerné à "Bab El Mandeb" de Micheluzzi.