Modifié

Le marché de l'art moderne reprend des couleurs

Le prince Felipe d'Espagne s'est rendu à la foire d'art contemporain madrilène. [J.J. Guillen]
Le prince Felipe d'Espagne s'est rendu à la foire d'art contemporain madrilène. - [J.J. Guillen]
Malmené par la crise, le marché de l'art moderne reprend des couleurs et profite de prix encore bas, comme en témoignent les propriétaires de galeries présents à la Foire d'art contemporain de Madrid, qui se veut une "parenthèse" dans une période d'austérité.

Les prix des oeuvres d'art moderne ont baissé d'environ 50% pendant la crise, selon les exposants d'ARCO, l'une des grandes foires d'art contemporain en Europe, qui se tient jusqu'à dimanche à Madrid. Mais le marché se reprend peu à peu à mesure que des puissances économiques comme les Etats-Unis et l'Allemagne retrouvent le chemin de la croissance.

Les collectionneurs, qui avaient vu les prix de l'art moderne flamber pendant la dernière décennie, anticipent déjà une nouvelle hausse et préfèrent acheter tant que les prix sont encore bas. "Les gens se sont tellement retenus de dépenser qu'ils se permettent maintenant d'acheter des choses qu'ils n'auraient jamais achetées avant", estime Carlos Urroz, le directeur d'ARCO, qui accueille cette année 197 galeries de 26 pays.

Un investissement judicieux

ARCO mise beaucoup sur les acheteurs chinois, qui montrent un intérêt croissant pour les créations d'art moderne en dehors de leurs frontières. Cette année, plusieurs oeuvres de Picasso ou d'Andy Warhol sont en vente à ARCO, ainsi que d'autres créations d'avant-garde comme une série de photos de singes morts et la réplique d'un squelette humain dans un cercueil en plexiglas.

Selon les organisateurs de la foire, l'art a représenté l'un des meilleurs investissements en 2010, avec une progression moyenne des prix de 25%, contre 9% par exemple pour l'indice Dow Jones industrial ou 11% pour l'indice FTSE de la Bourse de Londres. Après un creux en 2008 et 2009, les ventes ont repris l'an dernier, en particulier au deuxième semestre.

Les maisons d'enchères se frottent les mains

La plus grande maison d'enchères au monde, Christie's, basée à Londres, a vendu pour 716 millions d'euros d'oeuvres d'art contemporain en 2010, enregistrant un bond de 147% par rapport à 2009. Au total, Christie's a vendu pour 3,9 milliards d'euros d'oeuvres d'art l'an dernier, en hausse de 53% par rapport à 2009 et dépassant les 3,6 milliards d'euros vendus en 2007, année où le marché avait connu un véritable pic.

"En 2010, nous avons battu des records et les premiers signes pour 2011 montrent un marché encore vigoureux, à tous les niveaux", selon Steven Murphy, président de Christie's, cité dans un communiqué distribué par les organisateurs d'ARCO.

Picasso le plus cher

Le plus grand succès de Christie's l'an passé, la vente en mai à New York d'un tableau exceptionnel de Picasso, "Nu au plateau de sculpteur" (1932) pour 78,5 millions d'euros, le prix le plus élevé atteint pour une oeuvre du maître espagnol et un record mondial pour une vente aux enchères. En 2010, au total 606 oeuvres ont été vendues pour plus d'un million de dollars aux enchères, contre 381 en 2009.

"C'est le marché intermédiaire qui souffre le plus parce que les prix n'ont pas tant baissé que ça et les gens restent préoccupés par leur situation professionnelle", estime Judith Selkowitz, la directrice du cabinet américain Art Advisory Services, spécialisé dans le conseil aux collectionneurs.

"Ce sont les ventes d'entre 50'000 et 200'000 dollars qui ont été le plus touchées par la crise", confirme Alejandra von Hartz, directrice d'une galerie basée à Miami.

afp/jzim

Publié Modifié