Ai Weiwei, détenu au secret de début avril à fin juin en Chine, a pour la première fois depuis sa libération diffusé mardi sur son compte Twitter des messages très critiques à l'égard du régime communiste. L'artiste fait toujours l'objet d'une enquête et n'a pas le droit de quitter sa ville de résidence, Pékin.
Le contestataire de longue date, bête noire du régime communiste, a affirmé que certains de ses proches collaborateurs, emprisonnés "de façon illégale" comme lui, ont subi en détention "des tortures physiques et mentales".
Soutien à d'autres opposants
Dans plusieurs tweets, Ai Weiwei évoque Liu Zhenggang, un de ses collaborateurs emprisonné en même temps que lui. "Aujourd'hui j'ai vu Liu Zhenggang. Pour la première fois il a parlé de sa détention. Cet homme solide a éclaté en sanglots. Il a fait une attaque cardiaque en prison, il a failli mourir", relate Ai Weiwei.
Dans un autre message, il prend la défense, au nom de "l'équité et de la justice", de deux dissidents, Wang Lihong et Ran Yunfei.
80 jours de détention
Libéré le 22 juin après quelque 80 jours de détention, Ai Weiwei a repris samedi ses messages sur Twitter. Ses premiers tweets n'étaient pas critiques des autorités. Les autorités chinoises ont affirmé que l'artiste, dont l'arrestation avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde, avait été libéré sous caution après avoir "confessé" des infractions d'évasion fiscale.
Son arrestation, le 3 avril dernier, s'est inscrite au beau milieu d'une répression majeure lancée en février par Pékin contre les militants des droits humains. L'artiste a suscité la colère des autorités pour son engagement dans de nombreuses causes sensibles. Il avait notamment enquêté sur l'effondrement d'écoles lors du séisme de 2008 dans la province du Sichuan et sur un incendie qui avait fait des dizaines de victimes en novembre 2010 à Shanghaï.
Ai Weiwei est un artiste plasticien polyvalent, qui a notamment participé à la conception du célèbre "Nid d'oiseau", le stade des Jeux olympiques de Pékin en 2008.
afp/boi