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David Lynch, du plateau au studio

David Lynch accomplit avec brio son passage du cinéma à la musique.
David Lynch accomplit avec brio son passage du cinéma à la musique.
Cette semaine, le cinéma s'invite dans notre rubrique musicale avec comme hôte d'honneur David Lynch. La passion du réalisateur pour la musique a fini par s'échapper de ses films pour aboutir à un très convaincant «Crazy Clown Time». JoeyStarr, lui, a fait le chemin inverse. Le rappeur vient de se faire remarquer à l'écran dans « Polisse». Mais il n'a pas pour autant oublié de rugir dans son micro. Enfin, Justice sort un 2e opus plutôt décevant.

David Lynch passe des salles obscures au studio d'enregistrement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le réalisateur de «Twin Peaks» et «Mulholland Drive» a su insuffler à sa musique la même atmosphère envoûtante (glauque, diront les médisants) qui a fait sa marque de fabrique au cinéma.

Rien de bien surprenant en réalité, quand on sait que David Lynch a plusieurs fois composé une partie de la bande son de ses films, dont le dernier en date «Inland Empire». Il a même fait construire un studio d'enregistrement chez lui d'où sont sortis deux titres en 2010, bien accueillis par la critique.

Un artiste complet, définitivement

La pochette de "Crazy Clown Time".
La pochette de "Crazy Clown Time".

Encouragé par le label Pias, Lynch poursuit son travail de composition pour aboutir à son premier album, «Crazy Clown Time», qui sort ces jours-ci. Cet album, David Lynch l'a entièrement écrit et produit. Il y joue de la guitare et chante. Le style dominant est une sorte de blues lancinant fait de voix souvent éraillées, accompagnées de guitares distordues. Un son qui ne va pas sans rappeler la bande son de «Dead Man» de Jim Jarmush, composée par un certain Neil Young.

Loin d'être lassant, «Crazy Clown Time» réserve quelques surprises comme des morceaux electro («Good Day Today» et «Stone's Gone Up») qui rappellent parfois Massive Attack («Noah's Ark»). Un premier album très convaincant donc, qui ferait presque craindre que David Lynch en oublie le cinéma, lui qui n'a plus sorti de film depuis «Inland Empire» en 2006.

JoeyStarr reprend son "mic"

On en aurait presque oublié qu'il fait de la musique, tant son rôle de flic à la Brigade des moeurs dans «Polisse» a focalisé l'attention sur lui. Mais JoeyStarr le rappeur est encore là, et bien là. Et il le dit d'entrée dans «Egomaniac», son deuxième album solo depuis la dissolution de NTM il y a dix ans.

Début 2010, après six mois de prison ferme pour avoir défoncé une voiture au hachoir, JoeyStarr veut dévorer la vie à pleines dents (des dents qui, au passage, ont perdu leur célèbre couronne dorée). Ce moment est immortalisé dans «Jour de sortie» avec un message on ne peut plus clair: «Je tiens la tête dehors, tous mes sens se rallument».

"Sarko" en première ligne

Enfin libre, le rappeur veut aller de l'avant et reprendre le micro. D'autant qu'il a des choses à dire. Car s'il a souvent fait parler de lui pour ses dérapages et son casier judiciaire, JoeyStarr n'en est pas moins un artiste engagé, proche de l'extrême gauche française.

Logiquement, en première ligne de sa critique acérée, on retrouve Nicolas Sarkozy: «On voit bien tes mesures sociales. En fait libérales. Qui sont pour le patronat et pas la masse salariale». JoeyStarr ne mâche pas se mots. Et il les déballe toujours de sa voix reconnaissable entre mille, tel un lion rugissant, déchaîné après un séjour trop long dans sa cage. Le tout sur un fond musical puissant qui ne fait pas dans le détail. Le BOSS fait un retour puissant et convaincant.

Justice à deux vitesses

Electro dans le casque, mais rock dans la vie: tel est le credo de Justice.
Electro dans le casque, mais rock dans la vie: tel est le credo de Justice.

Justice revient également dans les bacs avec «Audio, Vidéo, Disco», quatre ans après un excellent premier opus qui a valu aux deux DJ français de voler la vedette à David Guetta et Bob Sinclar aux Victoires de la musique 2008, dans la catégorie musique électronique.

Malheureusement, on ne retrouve pas le côté percutant et innovant qui les avait propulsés dans la cour des grands. Sans doute étourdis par le succès, les deux compagnons ont troqué leurs rythmiques appuyées et leur audace dans les arrangements pour une électro pop dépourvue de toute originalité. Un album décevant donc, pour le plus grand malheur des dancefloors européens.

Sébastien Bourquin

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Les sorties CD à venir

Julien Clerc, "Fou, peut-être" (4 novembre)

Seal, "Soul 2" (11 novembre)

Snow Patrol, "Fallen empires" (11 novembre)

Isabelle Boulay, "Les grands espaces" (14 novembre)

Coeur de pirate, "Blonde" (15 novembre)

Kate Bush, "50 words for snow" (18 novembre)

Rihanna, "Talk that talk" (18 novembre)

Christophe Willem, "Prismophonic" (21 novembre)

Amy Winehouse, "Hidden Treasures" (2 décembre)

Charlotte Gainsbourg (5 décembre)

Katie Melua, "Secret symphony" (3 février 2012)

Leona Lewis, "Heart Glass" (23 mars 2012)

L'info musique de la semaine

Lady Gaga et Justin Bieber sont les grands vainqueurs des MTV Europe Music Awards décernés dimanche soir à Belfast, en Irlande du Nord, avec respectivement quatre et deux trophées. La reine de la pop aux tenues excentriques et le jeune bourreau des coeurs découvert sur le Net ont notamment raflé les trophées majeurs de meilleurs artistes.

Lady Gaga, qui s'est livrée à plusieurs changements de costumes -tous spectaculaires- au cours de la soirée l'a également emporté dans les catégories meilleure chanson et meilleure vidéo pour son titre "Born This Way", en plus d'un trophée pour son immense base de fans.

Justin Bieber a de son côté empoché le trophée très convoité de l'artiste pop de l'année. Les performances sur scène de ces deux stars planétaires ont illustré le large éventail des goûts du public en matière de musique pop, avec un Justin Bieber encore poupin à l'allure bien sage, aux antipodes d'une Lady Gaga archi "lookée" et à la sexualité agressive.

Bruno Mars, Eminem et Katy Perry figurent parmi les autres gagnants de la soirée, au cours de laquelle le groupe Queen s'est vu remettre le trophée honorifique de "Global Icon". L'occasion pour les rockers symphoniques grisonnants de clôturer la soirée avec quelques classiques dont "We Will Rock You" et "We Are the Champions".

Si un autre hommage a été rendu à Amy Winehouse, décédée en juillet dernier à Londres, c'est incontestablement Justin Bieber et Lady Gaga qui ont tenu la vedette tout au long de la soirée.

En tenue décontactée, Justin Bieber a modestement reconnu avoir voté pour Kanye West. Après avoir reçu son second prix, le chanteur canadien de 17 ans a remercié ses fans de leur soutien en dépit de "toutes ces saletés sur internet", a-t-il dit, faisant allusion aux allégations d'une jeune femme qui l'accuse d'être le père de son enfant, supposément conçu au cours d'une brève relation sexuelle l'an dernier.

"Merci beaucoup, je vous aime tant. Je suis si heureuse. En fait, ça ne se voit pas mais là, je suis en train de sourire", a de son côté lancé Lady Gaga à la foule, dans une immense tenue néo-futuriste lamé argent dont le chapeau, percé de deux trous pour les yeux, lui masquait le visage.