Le Prix de Soleure décerné à "Vol Spécial"

Doté de 60'000 francs, le Prix de Soleure a été attribué jeudi au Lausannois Fernand Melgar pour "Vol Spécial". Pour le jury, composé de l'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, de l'écrivain Charles Lewinsky et de la cinéaste Séverine Cornamusaz, ce documentaire "met en oeuvre filmiquement de manière convaincante une attitude fondamentalement humaniste".

Nombreuses distinctions

Dans son film, Fernand Melgar donne à voir l'univers de Frambois (GE), où sont détenus des requérants d'asile déboutés et des sans-papiers dans l'attente de leur expulsion. Le documentaire, coproduit par la RTS, sera diffusé fin mars sur la TSR, Arte et SRF1.

Le Prix de Soleure est une reconnaissance supplémentaire pour ce film qui avait suscité la polémique après sa première au Festival de Locarno l'an dernier. Le président du jury de Locarno, le producteur portugais Paulo Branco, avait traité le film de "fasciste", estimant qu'il se faisait le complice des renvois.

Le jury soleurois a en quelque sorte rectifié le verdict tessinois. "Je ne comprends absolument pas la critique de Paulo Branco", a déclaré Séverine Cornamusaz. Quant à Charles Lewinsky, il a estimé que la retenue et l'absence de commentaire était précisément une des forces du film.

Record de fréquentation

Autre grand vainqueur à Soleure, "Die Wiesenberger", de Bernard Weber et Martin Schilt, est un documentaire sur le succès fulgurant d'un groupe de yodleurs soudainement propulsé en tête des hit-parades en 2009. Le "Prix du Public" est doté de 20'000 francs. Projeté en première à Soleure, en présence des artistes, le film sera visible dans les salles alémaniques dès le 23 février.

Les Journées de Soleure ont également établi un nouveau record de fréquentation. Le cap des 55'000 spectateurs, atteint l'an dernier, a été dépassé, obligeant les organisateurs à se pencher sur un élargissement des capacités d'accueil.

"Le festival du cinéma suisse a absolument besoin d'une nouvelle salle", a déclaré jeudi sa directrice Seraina Rohrer. On ne pourra cependant la financer qu'à la condition de trouver enfin le troisième sponsor principal que les Journées recherchent depuis plusieurs années. Cette tâche figure en tête de liste du programme de la nouvelle directrice.

Trois temps forts

Celle-ci porte un regard satisfait sur ses premières Journées. Contrairement à l'an passé, le contenu des films a pris le pas sur les discussions politiques durant le festival, qui a pris fin jeudi après huit jours. Et c'est tant mieux pour le cinéma suisse qui a besoin de débats sur les questions de contenu, selon Seraina Rohrer.

Personnellement, la nouvelle directrice conservera trois temps forts de ses premières Journées de Soleure : le film d'ouverture "Eine wen iig, dr Dällenbach Kari", un drame de Xavier Koller en présence de l'auteur, l'apparition de Marthe Keller à laquelle une rétrospective était consacrée, ainsi que le discours du ministre de la Culture Alain Berset à l'occasion de la nuit des nominations.

ats/hof/dk