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Sorties CD: "MDNA", l'album de l'immaturité pour Madonna

Début février, Madonna avait fait le show à la mi-temps du Super Bowl à Indianapolis. [Steven C. Mitchell]
Début février, Madonna avait fait le show à la mi-temps du Super Bowl à Indianapolis. - [Steven C. Mitchell]
La grosse sortie de la semaine, c'est bien entendu "MDNA", la dernière galette signée Madonna. Un album décevant, tout comme le 2e disque de Sexion d'assaut, "L'Apogée". Dans un autre genre, Sinéad O'Connor livre un 9e album entre douceur et virulence.

Madonna, ou l'art du buzz. Avec son 12e disque, "MDNA", la méga-star américaine, 53 ans, démontre une nouvelle fois son talent infini pour faire parler d'elle. Avant même sa sortie, l'album suscite la polémique, une polémique sinon orchestrée, tout au moins programmée. Le titre du disque fait en effet référence au MDMA, une drogue de synthèse plus connue sous le nom d'ecstasy.

Loin de jouer les vierges effarouchées, on se dit plutôt que c'est de bon augure. Que Madonna, qui sera en concert au Letzigrund de Zurich le 8 août prochain, livre un album un brin subversif serait en effet réjouissant.

Alors on écoute. Et là, pour reprendre l'expression, c'est le drame. Les titres se succèdent et on a la détestable impression d'entendre une de ces chanteuses à peine pubères que les chaînes de radio diffusent en boucle. Madonna refuse-t-elle à ce point de vieillir qu'elle se rabaisse à copier -en pire! - les starlettes interchangeables et sans talent qui passent sur toutes les ondes?

Le titre du dernier album de Madonna a suscité la polémique.
Le titre du dernier album de Madonna a suscité la polémique.

Quand la madone touche le fond

A ce titre, "Girl Gone Wild" fait très fort. Ce morceau sans intérêt, produit par le DJ italien Benny Benassi - rendu célèbre par "Satisfaction" en 2002 puis rapidement retombé dans l'oubli - a été choisi comme 2e single de l'album. Le premier, "Give Me All Your Luvin'", est quant à lui un rien plus intéressant.

L'ultra-répétitif "Gang Bang", au titre inutilement racoleur, tout comme "I'm Addicted" ou encore "Some Girls" sont d'autres exemples de ce qui se fait de pire dans le domaine de la dance music. Mais la palme du titre le plus affligeant revient sans doute au 7e titre l'album, "Superstar": un texte infantile sur une musique niaise. On se demande vraiment comment la madone a pu tomber aussi bas.

Et puis, passée la moitié de l'album, alors qu'on n'attend plus rien, le miracle se produit. Madonna retrouve un peu de sa classe et livre une suite de morceaux plutôt réussis. Plus calmes, plus harmonieux, parfois aussi plus inventifs. Les cinq dernières chansons sont ainsi, et de loin, les plus abouties, à l'instar des jolies ballades "Masterpiece" et "Falling Free".

Est-ce un hasard si quatre d'entre elles sont produites par William Orbit, qui avait signé "Ray of Light", sans doute le meilleur album de Madonna? Certainement pas. Vous l'aurez compris, "MDNA" aurait pu être une véritable catastrophe. Grâce au producteur britannique, ce n'est finalement qu'un mauvais album.

Sinéad O'Connor, douceur et virulence

Sinéad O'Connor est autant réputée pour ses chansons que pour ses coups d'éclat médiatiques. Et ce n'est pas avec "How About I Be Me (And You Be You)?", son dernier album, que la chanteuse irlandaise, 45 ans, va lisser son image.

Dans son dernier album, Sinéad O'Connor poursuit son combat contre l'Eglise catholique.
Dans son dernier album, Sinéad O'Connor poursuit son combat contre l'Eglise catholique.

Musicalement, Sinéad O'Connor livre son meilleur album depuis longtemps. Elle propose de belles mélodies, très simples, épurées. On retrouve aussi - surtout! - cette voix à la douceur si caractéristique ("Reason With Me"), mais qui sait aussi se faire puissante et intense ("Queen of Denmark").

Sur un plan plus politique, l'artiste continue sa croisade contre l'Eglise catholique, coupable selon elle d'avoir couvert les agissements des prêtres pédophiles. On pense en particulier à "Take Off Your Shoes", dont les textes, d'une rare virulence, virent carrément à l'obscénité.

Et la chanteuse irlandaise de clore son album en dénonçant, dans un hymne quasi a cappella ("V.I.P."), la culture de la célébrité. Une attaque à peine voilée contre l'un de ses compatriotes les plus célèbres...

"L'Apogée": le succès d'un assaut raté

Sexion d'assaut a déjà de nombreux disques à son actif, dont un premier album studio vendu à 400'000 exemplaires. Trois semaines après sa sortie, "L'Apogée" est quant à lui déjà disque de platine en France.

"L'Apogée" n'est pas le sommet de l'art de Sexion d'assaut.
"L'Apogée" n'est pas le sommet de l'art de Sexion d'assaut.

Cet album-fleuve - 17 titres et cinq bonus tracks dans sa version en téléchargement - devait être "l'apogée" artistique des huit MCs parisiens. Des textes ineptes, des rimes faiblardes, des instrus bâclées: ça frise la publicité mensongère. Seuls quelques morceaux - "Paname allons danser", "-75 degrés" - permettent à Sexion d'assaut d'éviter le naufrage...

Alors comment expliquer le succès commercial indiscutable de cet album? L'explication se trouve sans doute dans ce paradoxe: avec "L'Apogée", Sexion d'assaut est parvenu à conjuguer une réputation sulfureuse (liée notamment à certains démêlés avec la justice et à de prétendus propos homophobes démentis) avec des productions lisses et ultra-calibrées. Un exploit!

Didier Kottelat

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Les sorties à venir

Leona Lewis, "Heart Glass" (23 mars)

Madonna, "MDNA" (26 mars)

Norah Jones, "Little Broken Hearts" (30 mars)

Die Ärzte, "Auch" (13 avril)

Jason Mraz, "Love is a Four Letters Word" (17 avril)

Lovebugs, "Life is Today" (20 avril)

Justin Bieber, "Believe" (30 avril)

Ariane Moffatt, "MA" (21 mai)

L'info musicale de la semaine

Une partition pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart, totalement inconnue jusqu'à présent, a été présentée et jouée pour la première fois vendredi passé à Salzbourg. Cette oeuvre a été composé par Mozart vers 1767-68, alors qu'il n'avait que onze ans.

Le morceau a été exécuté par le claveciniste autrichien Florian Birsak, sur le piano-forte de Mozart qui se trouve dans le salon de danse de la maison familiale du compositeur.

Cet "Allegro molto" pour piano, une sorte de sonate de 84 mesures, a été retrouvée dans un cahier portant la date de 1780, a expliqué au cours d'une conférence de presse la musicologue Hildegard Herrmann-Schneider.

"C'était une découverte très chanceuse", a commenté celle qui a fait cette découverte au Tyrol. Selon elle, le livre de partitions de 160 pages, qui comporte également des compositions de Leopold Mozart, a été retrouvé dans un grenier d'une maison particulière.

Ce morceau "n'est pas de n'importe qui, on y voit déjà des petites touches de l'immense Mozart qu'il deviendra", a pour sa part assuré Florian Birsak, directeur du département de recherches de la Fondation Mozarteum.

L'écriture "est incroyablement précise", a-t-il dit, ce qui a convaincu les experts salzbourgeois qu'il s'agissait bien d'une composition du jeune génie, bien que l'écriture ne soit attribuable ni à Mozart ni à son père Leopold, mais à une connaissance proche.

Au cours des dernières années, deux autres partitions pour piano inconnues de Mozart avaient été retrouvées: en 2006 dans les archives de l'archevêché de Salzbourg et en 2009 dans les archives de la Fondation Mozarteum.