Modifié

Sorties CD: Macy Gray livre un album de reprises plutôt réussi

Macy Gray sur scène à l'occasion du Blue Balls Festival à Lucerne en juillet 2011.
Macy Gray sur scène à l'occasion du Blue Balls Festival à Lucerne en juillet 2011.
"Covered", un album de reprises signé Macy Gray, "Invisible", nouvelle galette électronique venue d'ailleurs du surdoué Chapelier Fou, et le rap rafraîchissant de 1995 ("La Suite"). Ces trois disques sortis récemment valent le détour.

Est-ce par facilité, par manque d’inspiration ou pour une tout autre raison: toujours est-il que les albums de reprises pullulent ces dernières années. Avec son sixième album, opportunément titré “Covered”, Macy Gray ne fait pas exception.

La chanteuse américaine reprend à sa sauce des morceaux d’artistes aussi divers que Metallica, Kanye West, Nina Simone, Radiohead ou encore Eurythmics. Avec un talent évident, l’interprète de “I Try” (1999) use de sa voix éraillée pour détourner une dizaine de chansons, autant des classiques que des titres moins connus, et leur donner une sonorité et une couleur très personnelles.

"Covered", du bon et du moins bon

Macy Gray revisite “Here Comes The Rain Again” de la plus belle des manières: une version modernisée (moins 80’s!) et plus sombre du tube d’Eurythmics. La reprise de “Nothing Else Matters” de Metallica est également remarquable. Macy Gray se réapproprie le titre sans totalement évacuer sa composante rock.

La version dansante et hyper vitaminée de “Smoke 2 Joints” (The Toyes) est également l’une des réussites de cet album. L'interprétation cryptique de “Creep” (Radiohead) nous laisse en revanche une impression mitigée. Quant à “Love Lockdown/Buck”, mêlant Kanye West et Nina Simone, c’est un ratage complet.

Macy Gray chante "Nothing Else Matters" de Metallica:

Chapelier Fou, un univers à part

Le Français Louis Warynski, alias Chapelier Fou, est un véritable OVNI musical. A 28 ans, ce surdoué, multi-instrumentiste et diplômé de musicologie, compte déjà une belle carrière à son actif, avec trois EP et deux albums, dont le très remarqué "613", sorti en 2010.

Louis Warynski, aka Chapelier Fou, dans ses oeuvres lors du Printemps de Bourges en avril 2010. [AFP - Alain Jocard]
Louis Warynski, aka Chapelier Fou, dans ses oeuvres lors du Printemps de Bourges en avril 2010. [AFP - Alain Jocard]

“Invisible” est à l’image des précédentes productions de Chapelier Fou. Un univers à part, entre musique électronique et acoustique, qui nous fait traverser le miroir de notre monde et nous plonge dans celui du génial Messin. A l’écoute, on pense inévitablement à l’electronica de Four Tet ou au violon de Yann Tiersen. Loin de copier, Chapelier Fou emprunte puis réinvente.

Complexe mais accessible

“Shunde’s Bronx” ouvre l’album sur de faux airs de musique méditative avant d’exploser dans un tumulte sonore jamais confus, toujours maîtrisé. Vient ensuite “Cyclope & Othello”, superbe invitation au voyage de neuf minutes. Après “Vessel Arches”, parenthèse chantée moins heureuse, l’architecte sonore retrouve sa créativité avec des bijoux comme “Fritz Lang” ou “L’eau qui dort”.

Mais Chapelier Fou a gardé le meilleur pour la fin. Merveilles de complexité, “Protest” et “P Magister”, malgré leur construction rythmique déstructurée, restent néanmoins mélodiques et aisément accessibles. Et quand expire la complainte “Moth, Flame”, on n’a qu’un seul mot: chapeau!

"L'eau qui dort" en live (à Metz):

1995 livre son deuxième album, "La Suite"

1995, c’est cinq rappeurs et un DJ qui font le buzz sur le net. Nommé ainsi en référence aux années 1990, considérées comme l’âge d’or du rap français, le groupe sort son deuxième EP, “La Suite”.

Les rappeurs de 1995 utilisent énormément les nouveaux médias pour faire la promotion de leurs albums.
Les rappeurs de 1995 utilisent énormément les nouveaux médias pour faire la promotion de leurs albums.

Auto-produit comme le précédent, mais distribué par une major (Polydor, qui appartient à Universal), ce disque est emmené par un tube incontestable, “La Suite”. Le clip de cette chanson servie par une instru de cuivres ravageuse a déjà été visionné plus de 2,5 millions de fois sur YouTube. (voir ci-dessous)

Les autres morceaux sont intéressants, comme “Renégats” et son riff de guitare cinglant qui, malheureusement, dessert le texte. Pour prendre une autre dimension, il manque peut-être à 1995 - qui se produira au Paléo cet été - le génie d’un grand producteur. Un type capable, par exemple, de transformer “Renégats” en véritable tuerie. Le potentiel est là, reste à l’exploiter...

Le clip de "La Suite":

Didier Kottelat

Publié Modifié

Les sorties à venir

Die Ärzte, "Auch" (13 avril)

Jason Mraz, "Love is a Four Letter Word" (17 avril)

Lovebugs, "Life is Today" (20 avril)

Jack White, "Blunderbuss" (24 avril)

Justin Bieber, "Believe" (30 avril)

Norah Jones, "Little Broken Hearts" (1er mai)

Keane, "Strangeland" (4 mai)

Ariane Moffatt, "MA" (21 mai)

Sigur Ros, "Valtari" (25 mai)

Les informations musicales de la semaine

Le Paléo Festival a dévoilé son programme 2012 mardi. Parmi les principales têtes d'affiche, le festival nyonnais, qui se déroulera du 17 au 22 juillet prochain, annonce la présence de Sting, Lenny Kravitz et Hubert-Félix Thiéfaine.

Parmi les autres grands noms de cette édition figurent également Franz Ferdinand, The Cure, Garbage, Justice, Rodrigo y Gabriela, Manu Chao ou Caravan Palace. Les Grisons de 77 Bombay Street apporteront eux une touche helvétique.

Les amateurs de chanson française auront pour leur part l'occasion d'entendre Camille, Brigitte, Thomas Dutronc et Bénabar. Le jeune Kev Adams occupera la plage humour du dimanche, tandis que Maxim Vengerov et Camerata Menuhin interpréteront du Tchaïkovski, du Massenet et du Ravel.

Suite à une fuite dans la presse alémanique, le Montreux Jazz Festival s'est résolu a publier tout son programme 2012 mardi également, soit deux jours avant l'annonce officielle prévue. Bob Dylan, Lana Del Rey, Noel Gallagher, Chick Corea ou Chris Cornell figurent parmi les artistes attendus du 29 juin au 14 juillet.

Deux étoiles montantes lanceront le marathon des concerts à l'Auditorium Stravinski: le chanteur lausannois Bastian Baker et l'écossaise Amy MacDonald. En parallèle, le blues sera roi sur la scène du Miles Davis Hall avec Taj Mahal Trio et Joe Bonamassa Acoustic Project.

Outre Bob Dylan, plusieurs légendes se produiront, telles que le chanteur de jazz Tony Bennett, âgé de 86 ans, l'icône de l'existentialisme Juliette Greco, Jane Birkin, le flûtiste Ian Anderson (Jethro Tull), Herbie Hancock ou le compositeur irlandais Van Morrison.