Publié

Enchère record pour le "Cri" d'Edvard Munch qui atteint près de 120 millions

L'enchère record pour le "Cri" d'Edvard Munch n'a duré que 12 minutes. [AP Photo/Frank Franklin II]
L'enchère record pour le "Cri" d'Edvard Munch n'a duré que 12 minutes. - [AP Photo/Frank Franklin II]
Les enchères pour le "Cri", pastel du peintre norvégien Edvard Munch, sont montées mercredi soir à New York jusqu'à la somme record de 119,92 millions de dollars, soit près de 110 millions de francs.

Une version du "Cri", pastel du peintre norvégien Edvard Munch, a été adjugée mercredi soir chez Sotheby's à New York pour la somme record de 119,92 millions de dollars (109,57 millions de francs), devenant l'oeuvre d'art la plus chère jamais vendue aux enchères. La vente dans la salle comble de la maison Sotheby's n'a duré que 12 minutes, les enchères grimpant parfois de plus de 10 millions en une minute.

Dans une ambiance électrique, sept acheteurs se sont âprement disputés cette oeuvre phare, qui avait été estimée à 80 millions de dollars. Les enchères ont débuté aux environs de 50 millions de dollars et se sont terminées par des applaudissements nourris de la salle archicomble, alors que le commissaire priseur Tobias Meyer annonçait "un record mondial". L'offre définitive a été formulée par téléphone par un acquéreur anonyme: 119'922'500 dollars, commission comprise.

Acheteur anonyme

Le "Cri" du peintre norvégien Edvard Munch, réalisé en 1895, a été vendu en 2012 à New York pour 119,9 millions de dollars. [KEYSTONE - AP Photo/Sotheby’s Auction House]
Le "Cri" du peintre norvégien Edvard Munch, réalisé en 1895, a été vendu en 2012 à New York pour 119,9 millions de dollars. [KEYSTONE - AP Photo/Sotheby’s Auction House]

Aucun détail n'a été donné sur l'acheteur, au centre de nombreuses discussions après la vente. Le vendeur, l'homme d'affaires norvégien Petter Olsen, s'est dit "très content" d'être devenu l'homme d'un tel record, lors d'une brève conférence de presse.

En saluant une "soirée historique", Simon Shaw, responsable du département impressionnisme et art moderne de Sotheby's, a souligné la dimension universelle du "Cri", cette "clé de la conscience moderne". Le tableau a fait l'objet d'innombrables livres, films et études, et a été décliné au fil des ans sur des tasses, calendriers, tee-shirts et autres objets de la vie quotidienne.

Une soirée à 330 millions

Seules huit oeuvres avaient auparavant dépassé 80 millions de dollars lors d'une vente aux enchères, et aucune n'avait atteint 100 millions sous le marteau. Le record mondial était jusqu'à présent détenu par un Picasso, "Nu au plateau de sculpteur", vendu 106,4 millions de dollars (avec les frais) en mai 2010 chez Christie's à New York.

Mercredi soir, Petter Olsen a donné sa propre interprétation d'une oeuvre qui "restera une force majeure dans (sa) vie". Avec les revenus de la vente, il a prévu de construire un nouveau musée dédié à l'artiste en Norvège. La vente du Munch a permis à Sotheby's de battre son précédent record pour une soirée d'enchères d'art impressionniste et moderne, qui était de 286,2 millions de dollars, et datait de 1990. Mercredi soir, les ventes de 65 des 76 lots proposés ont totalisé 330,56 millions de dollars.

ats/afp/vtom

Publié

Quatre versions du "Cri"

Entre 1893 et 1910, Edvard Munch, peintre expressionniste (1863-1944) avait réalisé quatre versions de ce tableau devenu au fil des ans le symbole de l'angoisse universelle.

Celle vendue mercredi soir lors des ventes d'art impressionniste et moderne chez Sotheby's appartenait depuis 70 ans à la famille Olsen, Petter Olsen la tenant de son père Thomas, voisin, ami puis protecteur d'Edvard Munch.

Elle avait la particularité d'inclure, inscrit en lettres rouges sur son cadre de bois clair, le poème ayant inspiré cette oeuvre parmi les plus connues au monde.

Le pastel réalisé en 1895 et représentant un homme criant, les mains sur les oreilles, sur fond de ciel ensanglanté à Oslo, était la seule des quatre versions du "Cri" encore détenue par un particulier.

Les trois autres versions du tableau appartiennent au musée Munch d'Oslo et à la Galerie nationale d'Oslo.

L'inspiration d'Edvard Munch

Dans son journal, le 22 janvier 1892, Edvard Munch avait expliqué son inspiration pour "Le Cri".

"Je me promenais sur un sentier avec deux amis. Le soleil se couchait. Tout à coup, le ciel est devenu rouge sang. Je me suis arrêté, épuisé, me suis appuyé sur une clôture, il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir et de la ville. Mes amis ont continué, et je suis resté là, tremblant de peur. J'ai senti un cri infini qui passait à travers l'univers".