Sorties CD: Gossip délaisse son punk-rock et prend un virage très pop

Après trois ans de silence, Gossip revient aux affaires avec "A Joyful Noise". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la chanteuse Beth Ditto a bien potassé les classiques d'ABBA. Si le trio de Portland était classé dans le mélange punk, rock'n'roll, disco et soul, Gossip a cette fois penché très disco soul. Les sonorités de l'acclamé "Music for Men" sont un vague souvenir. Place aux fantômes d'ABBA, production millimétrique comprise. En cherchant moins loin, la parenté avec Madonna est également frappante. Un virage qui laissent les amoureux du rock un brin désabusés.

Un son très pop donc, mais aussi très féminin, qui va plutôt bien à la charismatique chanteuse Beth Ditto, qui fait étalage de ses talents vocaux. La star XXL se transforme ainsi en diva soul sur "Perfect World" et brise la carapace sur "Casualties of War" ("I'm not as strong as you thougt I was"). Mais si on excepte encore l'exubérance de "Get Lost", l'ennui guette. La faute à une production trop calibrée qui semble envoyer guitare et batterie à l'usine, comme sur "Melody Emergency". Mais puisque c'est sur scène que Gossip se révèle vraiment, rendez-vous à Caribana (Crans-sur-Nyon) le 6 juin.

Seeker Lover Keeper: trio australien

Seeker Lover Keeper: c'est le nom d'un projet, d'une rencontre entre trois auteures, compositrices et interprètes australiennes. Une heureuse rencontre. Sarah Blasko, Sally Seltmann (à qui on doit notamment "1, 2, 3, 4" de Feist) et Holly Throsby sont de la même famille pop folk, avec une instrumentation dépouillée (piano, guitare, batterie légère...). Elles chantent des morceaux de vie qui n'ont l'air de rien, mais qui surprennent et séduisent. Les trois complices se sont échangé leurs mots et leurs notes. "Even Though I'm A Woman" a par exemple été écrit par Sally Seltmann et chanté par Holly Throsby.

Seeker Lover Keeper aurait pu être un collage disparate, mais les voix se répondent sans hésitation, chaque morceau profitant des choeurs assurés par deux des artistes. Que ce soit le sautillant "Rely On Me", le blues lent de "Going To Sleep" ou le traînant et entêtant "Theme 1", l'album est une réussite. Parmi ce beau lot de 11 titres, on peut aussi ressortir "Light All My Lights" et sa rythmique atypique, le rêveur "On My Own" et le féministe "Even Though I'm A Woman". Une excellente surprise d'Océanie qui rappelera bien des choses aux amoureux de la Canadienne Feist.

Marina & The Diamonds sort "Electra Heart"

Plaisir coupable; c'est ainsi que le magazine des "Inrocks" décrivait Marina & The Diamonds à l'occasion de la sortie de son premier album en 2010. Et à écouter la nouvelle livraison de la Galloise, "Electra Heart", on pourrait répéter la sentence. Parce que si les tubes sont trop synthétiques, que la pop est bling bling, le tout est malgré tout plutôt bien écrit et la voix de la demoiselle est convaincante (voir: "Valley of The Dolls"). On pense à Madonna, Britney Spears ou Gwen Stefani, des références qui encombrent les iPod de ceux qui ont succombé à ces plaisirs pas indispensables.

Caryl Bussy