Cannes décerne la Palme d'or à "Amour" de Michael Haneke

Annoncé par le président du jury Nanni Moretti peu avant 20 heures, le film "Amour" de Michael Haneke a reçu dimanche la Palme d'Or lors du 65e Festival de Cannes qui s'est clôturé sous la pluie.

Nanni Moretti a annoncé ce prix "en rappelant la contribution fondamentale de ses deux interprètes principaux", Jean-Louis Trintignant, 81 ans, et Emmanuelle Riva, 85 ans.

"Amour", deuxième Palme d'or de Michael Haneke, déjà primé en 2009 pour "Le Ruban Blanc", succède à "The Tree of Life" de l'Américain Terrence Malick, primé l'an dernier. Le réalisateur autrichien et ses deux principaux interprètes français ont eu droit à une ovation debout de la salle.

La bande annonce de la Palme d'or

Le Grand Prix du festival a lui été attribué à "Reality" de l'Italien Matteo Garrone, une comédie amère sur l'itinéraire déçu d'un candidat à un jeu de télé réalité. Très ému, le cinéaste s'est lui dit "très heureux d'être ici encore", en français, alors qu'il avait remporté en 2008 le Grand Prix de Cannes pour "Gomorrha", autrement plus grave et plus violent, sur la Camorra, la mafia napolitaine.

La seule comédie en compétition, "La part des anges", du Britannique Ken Loach, a reçu le prix du Jury. "Cannes nous montre que le cinéma n'est pas qu'un divertissement", a déclaré le réalisateur britannique de 75 ans, un habitué de Cannes, en recevant son cinquième prix à Cannes, qu'il a dédié à ceux qui "résistent aux plans d'austérité dans le monde".

Deux actrices débutantes couronnées

Mads Mikkelsen a reçu le Prix d'interprétation masculine pour "Jagten" ("La Chasse") de Thomas Vinterberg. L'acteur danois, plus connu du public pour son rôle de méchant chez James Bond dans "Casino Royale" (2006),  s'est déclaré "très touché": "c'est une surprise", a-t-il dit, en s'excusant de ne pas parler français "sauf quand il a bu".

Du côté des actrices, le Prix d'interprétation féminine a été attribué aux deux comédiennes roumaines débutantes, Cosmina Stratan et Cristina Flutur, orphelines en perte de repères dans le monastère d'"Au-delà des collines" de Cristian Mungiu.

Les autres Prix

Le réalisateur roumain de 44 ans, Palme d'Or 2007, doit cette fois-ci se contenter du prix du Scénario pour ce film tiré d'un fait divers qui s'est déroulé en 2005 en Roumanie.

Le Prix de la mise en scène a été attribué au Mexicain Carlos Reygadas pour "Post tenebras lux", parabole sur la violence qui étreint le Mexique. Le cinaéste mexicain, qui s'exprimait en français, a remercié le jury composé "d'hommes et de femmes libres, je pense", ainsi que "les membres de la presse qui n'ont pas arrêté de me flatter depuis 3 ou 4 jours", a-t-il ironisé, l'accueil de son film ayant été très mitigé et les critiques de la presse acerbes.

Le réalisateur turc Rezan Yesilbas, 34 ans, a lui remporté la Palme d'or du court métrage pour "Silence" ("Sessiz be Deng" en turc), l'histoire d'une mère de trois enfants qui rend visite à son mari en prison.

La Caméra d'Or, prix récompensant un premier film toutes sélections cannoises confondues, a couronné le film américain "Les bêtes du Sud sauvage", conte philosophique en Louisiane, illuminé par une fillette de 6 ans qui crève l'écran. Ce premier film de Benh Zeitlin, 29 ans, avait déjà été Grand Prix au festival de Sundance en janvier.

La dernière montée des marches du Festival de Cannes avait eu lieu sous une pluie orageuse et en présence de nombreuses stars, parmi lesquelles toute l'équipe en pleurs du film de clôture, "Thérèse Desqueyroux", réalisé par Claude Miller, décédé en avril.

agences/lan