Du 1er au 11 août, la Piazza Grande retrouvera le glamour et les paillettes des stars de cinéma pour la 65e édition du Festival du film de Locarno. Celui ci poursuit sa volonté de mélanger les genres et fait la part belle aux documentaires, de plus en plus présents dans les diverses compétitions.
"Le festival se porte encore mieux que l'année passée", a déclaré mercredi Marco Solari, le président de l'organisation, évoquant à la fois les points de vues artistique et financier. Au total, quelque 300 films seront projetés durant les 11 jours du festival.
Le dernier Soderbergh sur la Piazza
Cette 65e édition s'ouvrira sur la Piazza Grande avec "The Sweeney" du Britannique Nick Love. Le centre mythique de Locarno et son écran géant peuvent accueillir 8000 festivaliers. "Magic Mike" de Steven Soderbergh et "Das Missen Massaker" du Suisse Michael Steiner seront présentés sur la place considérée comme le coeur du Festival. En clôture, la Piazza projettera "More than honey", du Suisse Markus Imhoof. Promis à une belle carrière internationale, ce documentaire au fort message écologique revient sur le sort des abeilles avec des images saisissantes.
Dix-neuf longs métrages, dont 13 en première mondiale, se disputeront le Léopard d'or. Remporté l'an dernier par la jeune Milagros Mumenthaler avec "Abrir Puertas y Ventanas", le Concorso internazionale confrontera des jeunes auteurs à des cinéastes de renom. Outre la forte délégation américaine, Olivier Père se réjouit de la venue du Portugais Joâo Pedro Rodrigues qui présente "A ùltima vez que vi Macau". Peter Strickland avec "Berberian Sound Studio" et "La fille de nulle part" de Jean-Claude Brisseau sont aussi très attendus sur les écrans tessinois.
Trente-six films suisses
Les productions helvétiques, 36 au total, seront présentes dans toutes les compétitions du festival. Deux documentaires suisses seront en lice dans le fameux Concorso internazionale. Peter Mettler tentera de décrocher le Léopard d'or avec "The end of time", un essai en images sur le concept de temps. Il sera accompagné par le film satirique "Image Problem" de Simon Baumann et Andras Pfiffner, qui traite de la mauvaise image de la Suisse à l'étranger. "Je ne pensais pas dans ma vie rire autant en regardant un documentaire suisse", a confié Olivier Père.
Le festival se veut aux avant-postes, un laboratoire du cinéma qui découvre les nouveaux mouvements et les auteurs de demain. "L'idée est d'inviter tout le cinéma, qu'il soit populaire, d'auteur ou même l'histoire du cinéma", explique Olivier Père. Introduits dans les compétitions depuis trois ans, les documentaires sont représentés dans toutes les sections. Le directeur artistique du festival défend un cinéma original et courageux. Des films sélectionnés reviennent notamment sur les dernières élections en Russie et la catastrophe à Fukushima.
Valentin Tombez
Hommages à Alain Delon et Leos Carax
Le Festival de Locarno ne posséderait pas la même aura sans le défilé de ses stars sur les pavés de la Piazza Grande. Parmi les personnalités très attendues, citons Ornella Muti, Eric Cantona ou encore Harry Belafonte.
Alain Delon sera honoré pour l'ensemble de sa carrière. "Il est le parfait re présentant de ce mariage entre l'art et la culture populaire qu'est à mon avis la définition même du cinéma", raconte le directeur artistique Olivier Père.
Le Pardo d'onore revient au Français Leos Carax, et l'actrice Charlotte Rampling recevra un Excellence Award.
Rétrospective Otto Preminger
La grande rétrospective du festival sera dédiée cette année au cinéaste d'origine autrichienne Otto Preminger (1905-1986).
Comme pour Ernst Lubitsch et Vincente Minnelli en 2010 et 2011, l'intégralité de son oeuvre sera projetée.
Avec ce grand réalisateur hollywoodien de l'âge classique du cinéma, Olivier Père a voulu "créer un équilibre par rapport au rôle novateur de Locarno".
Son art se caractérise par des plans très longs où la mise en scène est quasi invisible. "Il embrassait des sujets historiques sans renoncer à l'intimité et la psychologie", poursuit Olivier Père.