Lou Doillon se lance dans la chanson d'une voix grave et maîtrisée

Lou Doillon, fille de Jane Birkin et Jacques Doillon, se lance dans la chanson. Un pari risqué pour celle qui a fait sa place dans le cinéma, mais un pari qui s'avère payant, tant la voix de la trentenaire s'avère maîtrisée.

Avec "Places", Lou Doillon surprend. Par sa voix, d'abord, qui se révèle plus grave et rauque que ne le laissait supposer son physique de mannequin. Mais surtout par son talent de compositrice. Avec des textes mélancoliques et des mélodies langoureuses, Lou Doillon transmet des émotions qui oscillent entre désespoir et plénitude. Le tout chanté avec une nonchalance étudiée et dans la langue de Shakespeare, car "l'anglais est la langue de l'intime".

Compositions folk, country et blues

Dans "Places", produit par Etienne Daho, Lou Doillon offre un ensemble de ballades folk aux orchestrations minimalistes. Quelques pianos, des cuivres, un accordéon ou un clavecin s'ajoutent subrepticement à la guitare sèche de composition pour étoffer les titres. Du sautillant "Defiant" au country "Make a Sound", en passant par l'introspectif "Questions and Answers", Lou Doillon offre un panel riche de sens.

Abstraction faite de la trop grande simplicité de certains accords et de la sobriété des arrangements, le premier essai musical de Lou Doillon s'avère donc réussi. A vérifier sur scène.

Mika met du sel dans sa pop acidulée

C'est officiel, Mika n'est plus le chanteur coloré à la pop acidulée qui avait apporté un vent de fraîcheur dans la production musicale anglophone en 2007 avec "Life in Cartoon Motion". Le garçon a mûri. Peut-être à cause de sa vie privée, plus si "Relax take it easy" que ça. Une soeur gravement accidentée et un coming-out difficile à gérer sur le plan médiatique.

Trois ans après "The Boy Who Know too Much", Mika revient avec "The Origin of Love", un album travaillé avec assurance. Si on regrette au début l'absence de spontanéité, on se rend compte rapidement que le Mika nouveau a du bon.

Des choeurs, de l'émotion et du travail

L'album ouvre avec "The Origin of Love" porté par des choeurs puissants. Après deux titres pop trop classiques, "Lola" et "Stardust", Mika ose avec réussite un peu d'électro dans "Make You Happy". Mais l'un des points forts du disque est "Underwater", une ballade envoûtante où Mika utilise toute sa panoplie de tessitures. A noter aussi "Celebrate", single promotionnel, enregistré avec Wiz Khalifa, et "Emily", version anglophone du tube "Elle me dit" de 2011.

S'il se rapproche parfois trop d'une pop léchée et insipide, Mika parvient à transformer son style bubblegum en de la musique travaillée et mature.

Quand Marc Lavoine descend du singe

Autant le dire rapidement, "Je descends du singe", 11e album de Marc Lavoine, ne bouscule en rien l'image du chanteur de variété. Même style, même voix, même ambiance et, parfois, même chanson. "Il restera", "Notre histoire", "Auprès de mon frère", autant de titres sympathiques, mais pas exceptionnels. Pires, "J'ai vu la lumière" est une redite de "Dis-moi que l'amour ne s'arrête pas" et "Avec toi", chanté avec Julie Gayet, est semblable aux autres duos de Marc.

Hormis "Faut-il parler?", mélodie calibrée pour les radios, aux airs de comédie musicale, rien ne vaut donc le détour. A réserver aux fans absolus.

Victorien Kissling