Les Anglais de The XX réalisent un coup de maître avec "Coexist"

Les quatre adolescents de The XX avaient fait un carton il y a trois ans en sortant leur premier album, "XX". Récompensé par le Mercury Prize en 2010, ce disque s’est vendu à des centaines de milliers d’exemplaires et a été loué de manière quasi unanime par les critiques.

Autant dire qu'après un tel triomphe, les jeunes Anglais au look emo étaient attendus au tournant. Pour notre grand plaisir, leur deuxième opus, "Coexist", s’avère encore plus abouti que le précédent. Le groupe, devenu trio entretemps, a encore épuré sa musique et déroule sans aucune fausse note 11 titres électro-pop délicats et envoûtants.

"Coexist", ou l'électro-pop minimaliste

Envoûtant: ce qualificatif sied à merveille au premier morceau de l’album, "Angels". Ce titre, minimaliste, permet à Romy Madley Croft de délivrer une interprétation vocale tout en douceur.

"Missing" est l’autre chef-d'oeuvre de l’album, avec sa guitare aérienne, la voix puissante d'Oliver Sim et celle, éthérée, de la deuxième chanteuse. Le DJ (et producteur) Jamie Smith, troisième larron du groupe, démontre quant à lui sa virtuosité sur "Swept Away", aux sonorités très house.

Reste, au final, cette vague crainte, attisée par deux ou trois titres sans relief: que The XX oublie de se renouveler et finisse par tourner en boucle. (The XX est à découvrir en concert à la Salle Métropole de Lausanne le 1er décembre prochain)

"Angels" en live:

The XX, "Angels" (live)

Cat Power, le soleil après la nuit

Déjantée, alcoolique, dépressive, suicidaire ou tout simplement géniale: les adjectif n’ont jamais manqué pour décrire Chan Marshall, alias Cat Power.

La chanteuse américaine, âgée aujourd’hui de 42 ans, revient avec avec un neuvième album, intitulé "Sun". Quatre ans après "Jukebox", formé essentiellement de reprises, et six ans après ses dernières chansons originales, livrées dans le très délicat "The Greatest".

Dans l’intervalle, Cat Power a dû se reconstruire, lentement, après un passage difficile qui l'a menée jusqu'en hôpital psychiatrique. Un laps de temps qui semble avoir assagi la chanteuse.

La gaieté pour le meilleur et le pire

A la première écoute de "Sun", on est saisi par l'orientation très électronique de l’ensemble. Mais ce qui marque le plus est le côté très travaillé des 11 titres, l'Américaine nous ayant habitués à des productions moins léchées.

L'album dégage une impression générale de gaieté. Résultat: des morceaux sympa ("Cherokee", "Silent Machine"), d’autres très réussis ("Nothin' But Time", avec Iggy Pop), mais aussi certains carrément lassants ("Ruin", "Peace And Love").

"Sun" ne marquera pas l’histoire de la musique. Demeurent cependant de belles mélodies et un talent certain, promesse d’un dixième album radieux.

Le clip quelque peu étrange de "Cherokee":

Mono, trop épique, pas assez rock

Les Japonais de Mono sont coutumiers des productions fleuve et leur sixième album, "For My Parents", ne fait pas exception: cinq morceaux seulement pour 55 minutes de musique instrumentale.

Cette fois-ci, les quatre Tokyoïtes se sont adjoints les services du Wordless Music Orchestra. Les cordes, omniprésentes, accentuent le côté dramatique et épique - certains diraient pompeux - des hymnes de Mono, habituellement déjà très emphatiques. On se croirait dans un western.

Le groupe, malheureusement, n’a pas crû nécessaire de contrebalancer cette grandiloquence avec ces murs sonores de guitares saturées habituellement si caractéristiques de son post-rock. Sans cette signature, véritable marque de fabrique de Mono, il manque alors à chaque morceau un petit quelque chose pour devenir plus qu'une simple musique de film.

Le magnifique clip de "Legend", tourné en Islande:

Didier Kottelat