Le Genevois Joël Dicker ne sera pas le deuxième Suisse à recevoir le Prix Goncourt après Jacques Chessex en 1973 pour "L'ogre". L'écrivain de 27 ans n'a pas été récompensé par l'Académie Goncourt qui lui a préféré Jérôme Ferrari pour "Le Sermon sur la chute de Rome" publié chez Actes Sud.
L'écrivain corse reçoit le plus prestigieux prix littéraire français pour un récit qui fait d'un bar corse le coeur d'une fable sur les espérances déçues. Il succède à Alexis Jenni, récompensé en 2011 pour "L'Art français de la guerre" et rejoint au palmarès des auteurs aussi renommés que Marcel Proust, André Malraux, Simone de Beauvoir ou Romain Gary.
Outre Joël Dicker, "Lame de fond", de la Française d'origine vietnamienne Linda Lê, et "Peste et Choléra" de Patrick Deville, déjà récompensé par le Fémina, étaient aussi en lice.
"Désespérance contemporaine"
Dans la tradition française des enseignants-écrivains, Jérôme Ferrari, 44 ans, est professeur de philosophie, conseiller pédagogique au Lycée français d'Abou Dhabi depuis septembre.
"Le sermon sur la chute de Rome", son sixième roman, fait allusion au fameux sermon de saint Augustin prononcé en 410 dans la cathédrale disparue d'Hippone, devant des fidèles désemparés après le sac de Rome. Augustin les rassure: "Le monde est comme un homme: il naît, il grandit, il meurt".
Le livre met en scène un vieux Corse rentré dans son village pour y ruminer ses échecs et son petit-fils qui abandonne ses études pour reprendre un bar. Mais si les débuts sont prometteurs, le duo doit rapidement face à une rapide montée de violence.
Selon son auteur, cet ouvrage est "une belle parabole sur la désespérance contemporaine, dont la morale est optimiste: la fin d'un monde n'est pas la fin du monde". "Vous savez que Barack Obama a été élu aujourd'hui, vous ne manquez pas un peu de sens de la hiérarchie?", a-t-il lancé aux journalistes réunis
Joël Dicker déjà récompensé
Le Genevois Joël Dicker espérait recevoir le prix pour son roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert", déjà primé la semaine dernière par le Grand prix de l'Académie française. Ce pavé de presque 700 pages est une sorte de thriller à l'américaine qui se déroule à New York en 2008.
Le héros est Marcus Goldman, un jeune auteur à succès en panne d'inspiration. Mais son éditeur le presse pour sortir un nouveau best-seller et le menace des pires représailles s'il ne s'exécute pas. Un événement va tout faire basculer: son vieil ami et professeur, l'écrivain renommé Harry Quebert, est accusé du meurtre de Nola, trente ans plus tôt. Le corps de l'adolescente de 15 ans vient d'être retrouvé dans son jardin.
Convaincu de l'innocence de son mentor, dont il découvre qu'il fut éperdument amoureux de Nola, Marcus abandonne tout pour mener sa contre-enquête dans le New Hampshire et sortir Harry du cauchemar. Mais tout va se compliquer, les suspects se multiplient et ce satané bouquin peine à voir le jour...
boi
Le prix Renaudot à Scholastique Mukasonga
La Rwandaise Scholastique Mukasonga a été couronnée par le prestigieux prix littéraire français Renaudot pour "Notre-Dame du Nil" chez Gallimard, a annoncé le jury.
L'écrivain rwandaise, qui ne figurait pas dans la sélection, a obtenu six voix au dixième tour de scrutin.
Prélude au génocide rwandais, le roman a pour cadre le lycée isolé pour jeunes filles, "Notre-Dame du Nil", où les familles pensent mettre leurs filles à l'abri des tentations avant le mariage. Mais dans ce huis-clos apparaissent vite des haines, des luttes politiques, des persécutions et des incitations au meurtre.
Née en 1956, Scholastique Mukasonga connaît dès l'enfance la violence et les humiliations des conflits ethniques qui agitent son pays. Sa famille est déplacée dans une région insalubre. En 1973, elle doit s'exiler au Burundi et elle s'établit en France en 1992. Vingt-deux membres de sa famille sont massacrés en 1994.
Elle a publié plusieurs récits, dont "Inyenci ou les Cafards" et "La femme aux pieds nus".
C'est le quatrième auteur africain à être couronné par le prix Renaudot ces dernières années après l'Ivoirien Amadou Kourouma pour "Le roi n'est pas obligé" (2000), le Franco-Congolais Alain Mabanckou pour "Mémoires de porc-épic" et le Guinéen Tierno Monénembo pour "Le roi de Kahel" (2008).