Argo a terrassé le favori Lincoln aux Golden Globes, ne laissant au film de Steven Spielberg que le trophée de l'acteur dramatique pour Daniel Day-Lewis. La comédie musicale "Les Misérables" s'est, elle, arrogée trois récompenses.
Du haut de ses 40 ans, l'Américain Ben Affleck a mis K.O. Steven Spielberg, l'un des hommes les plus puissants d'Hollywood, en remportant à la surprise générale le Golden Globe du meilleur réalisateur et celui du meilleur film dramatique. Produit par George Clooney, "Argo" raconte la rocambolesque et véridique histoire de l'exfiltration de diplomates américains pendant la révolution iranienne de 1979.
Ben Affleck, barbe soignée, a rendu hommage à Tony Mendez, personnage central de son film, qu'il interprète lui-même. "C'est un héros américain. Il représente les services de renseignement qui font des sacrifices tous les jours pour les Américains. Nos troupes à l'étranger. Je veux les remercier du fond du coeur".
Daniel Day-Lewis et Jessica Chastain primés
"Lincoln" qui concourt également dans 12 catégories aux Oscars, semblait pourtant marcher sur du velours. Seul rescapé du naufrage, le Britannique Daniel Day-Lewis s'est emparé comme prévu du Golden Globe du meilleur acteur dramatique - deuxième de sa carrière - pour son incarnation saisissante du 16e président des Etats-Unis luttant pur l'abolition de l'esclavage. "Etes-vous sûrs qu'il y a de la place pour un autre ex-président sur cette scène?" a-t-il ironisé.
De fait, un peu plus tôt dans la soirée, l'ancien président Bill Clinton s'était fait l'avocat du film. Lincoln "nous rappelle que le progrès durable est forgé dans un chaudron fait à la fois de principes et de compromis", a déclaré l'ex-président Clinton, saluant "la détermination d'acier et le sens du compromis que Lincoln a parfaitement réussi à combiner pour préserver notre pays et mettre fin à l'esclavage".
Le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique, assez conforme aux attentes lui aussi, a été attribué à Jessica Chastain pour son rôle remarquable d'agent de la CIA traquant Oussama Ben Laden dans "Zero Dark Thirty". L'actrice, dans une ravissante robe bleu clair qui contrastait avec sa longue chevelure rousse, a rendu un vibrant hommage à la réalisatrice Kathryn Bigelow.
Deux trophées pour "Django Unchained"
Autre bénéficiaire des malheurs de "Lincoln", "Django Unchained", de Quentin Tarantino, reparti avec deux trophées: second rôle masculin pour l'Autrichien Christoph Waltz et scénario pour Tarantino, premier surpris. "Je ne m'y attendais pas, c'est une sacrée surprise, et j'adore être surpris!", a-t-il déclaré.
Il y a eu moins de surprises du côté des comédies et comédies musicales. Le succès de Broadway "Les Misérables", porté à l'écran par le Britannique Tom Hooper, est reparti avec trois récompenses: meilleur film, acteur (l'Australien Hugh Jackman) et second rôle féminin pour la Fantine d'Anne Hathaway.
Quant au trophée de la meilleure actrice de comédie, il est allé à Jennifer Lawrence, meilleure actrice de comédie pour "Happiness Therapy", très fière d'avoir "battu Meryl (Streep)".
ats/jgal
"Amour" désigné meilleur film étranger
Un an après le triomphe de "The Artist", la France n'a pas réitéré l'exploit et tous les Français sont repartis bredouille.
Marion Cotillard n'a pas résisté à Jessica Chastain, le compositeur Alexandre Desplat -pourtant nommé pour "Argo"- a perdu face à la musique de "L'odyssée de Pi" et les films "Intouchables" et "De rouille et d'os" se sont inclinés devant "Amour" pour le "globe" du film étranger.
Le réalisateur autrichien, dont le film est également candidat à cinq Oscars, a reçu son trophée des mains d'Arnold Schwarzenegger.
"Jamais je n'aurais pensé recevoir un prix hollywoodien des mains d'un autre Autrichien", a-t-il ironisé en référence aux origines de "Schwarzie".
"Game Change" et "Homeland", stars de la TV
La politique s'est offert une place de choix dans les récompenses pour la télévision, dimanche soir aux Golden Globes, avec les victoires du téléfilm "Game Change" avec son portrait de l'ex-égérie républicaine Sarah Palin, et de la série "Homeland" et son complot terroriste.
Lors des Emmy Awards en septembre, les deux oeuvres s'étaient déjà largement imposées, donnant au palmarès des Golden Globes un petit air de déjà vu.
La seule surprise est venue des récompenses attribuées à Lena Dunham, 26 ans, actrice et réalisatrice de la série "Girls", qui raconte l'entrée dans la vie active de quatre jeunes filles d'une vingtaine d'années, de leurs humiliations à leurs rares triomphes, a également reçu le prix de meilleure série comique.
Don Cheadle a lui recueilli le Golden Globe du meilleur acteur dans une série comique pour "House of Lies".
Des stars de cinéma ont aussi reçu des prix d'interprétation pour téléfilms ou mini-séries, notamment Kevin Costner qui décroche le trophée du meilleur acteur pour la série historique "Hatfields & McCoys".
Jodie Foster fait son "coming out" public
La soirée a également été marquée par Jodie Foster, qui a profité de son trophée, remis pour l'ensemble de sa carrière, pour aborder publiquement son homosexualité, tout en réclamant immédiatement le respect de la vie privée bénissant l'époque où l'intimité était respectée.
"Un jour, les gens regarderont en arrière et se rendront compte à quel point c'était beau", a-t-elle dit. Les Golden Globes sont organisés par l'Association de la presse étrangère à Hollywood (HFPA). La représentativité de sa centaine de membres est souvent raillée à Hollywood, mais l'événement reste prisé des stars.