Modifié

Tout n'échappe pas à Jérémie Kisling qui livre un album maîtrisé

Jérémie Kisling propose des textes plus ciselés, tranchants, épurés et souvent poétiques. [Laurent Gilliéron]
Jérémie Kisling propose des textes plus ciselés, tranchants, épurés et souvent poétiques. - [Laurent Gilliéron]
Le Lausannois Jérémie Kisling sort un nouvel album, "Tout m'échappe", tout en musicalité et mélancolie. Ben Harper s'associe à l'harmoniciste Charlie Musselwhite pour "Get up!" tandis que Eels se trouve "Wonderful, Glorious".

Le Lausannois expatrié à Paris, Jérémie Kisling, revient dans les bacs avec un quatrième album, tout juste dix ans après le succès de "Monsieur Obsolète". Il sort cette année "Tout m'échappe". Qu'il se rassure, tout ne lui échappe pas vraiment.

Au contraire, ses mélodies prennent davantage de corps que lors des opus précédents tandis que ses textes sont plus ciselés, tranchants, épurés et souvent poétiques. De "Je veux tout avoir" à "Tout m'échappe". Jérémie Kisling chante les gens, avec mélancolie ("la vie est ailleurs", au piano émouvant) ou fatalisme ("Le monde avance").

De l'anglais, un duo et un cri du coeur

Pour son quatrième album, Jérémie Kisling reprend la recette de ses albums précédents, avec sa voix frêle et sa musicalité travaillée. Mais, et tant mieux, il ose quelques nouveautés. Un titre en anglais - "This is your Home" - un duo - "Le fil du jour" avec Jeanne Cherhal, dont la voix, plus sombre que celle de Jérémie Kissling offre un contraste intéressant - et un cri du coeur - "Le lierre et les rosiers" où il libère sa voix.

"Tout m'échappe" s'inscrit donc dans la continuité des albums précédents, avec quelques expériences qui lui insufflent une fraicheur bienvenue.  Ben Harper et l'homme à l'harmonica

Ben Harper et l'homme à l'harmonica

Ben Harper et Charlie Musselwhite, l'homme à l'harmonica, sortent "Get Up!" ("Debout!") qui marque à la fois le retour aux sources blues du Californien et la naissance d'un duo qui promet de devenir mythique.

La guitare et la voix de l'un s'unissent à la perfection à l'harmonica de l'autre, notamment dans l'intense "I ride at dawn". L'album offre plusieurs palettes d'émotions, de la douceur d'un "Don't look twice" à l'énergie d'un "Blood Side Out", en passant par le rythme électrique d'un "I'm Out and I'm gone".

Le retour aux sources de Ben Harper

Mais "Get up!" témoigne avant tout du retour aux sources de Ben Harper. C'est surtout le cas dans la chanson titre, à la fois simple et sentimental, digne des plus belles heures du blues. Ben Harper se rappelle également aux bons souvenirs de sa parenthèse gospel (avec son album "There Will be a light") dans le titre lumineux et vivant "We Can't Get this Way".

Au final "Get Up!" est un douzième album réussi, qui ravira non seulement les fans de ses deux protagonistes, mais touchera sans aucun doute la corde sensible de tous les amateurs de blues.

Eels, le juste retour de Mister E

Trois ans après sa trilogie d'albums "Hombre Lobo", "End Times" et "Tomorrow Morning", Eels revient avec "Wonderful, Glorious" (merveilleux, glorieux). Ce titre peu modeste n'est toutefois pas totalement usurpé.

Mark Oliver Everett - Mister E - et ses acolytes ont en effet pris le temps de peaufiner leur rock pour lui donne davantage de corps. C'est flagrant dès le titre d'ouverture, "Bombs away", aux riffs puissants contrastant avec des mélopées bluesy. Eels donne l'impression de tout faire pour éviter de calibrer ses titres pour les ondes. On le sent dans "You're my Friend", un slow au synthé détonant, ou "Kinda Fuzzy", un bon vieux rock de garage sans queue ni tête.

Des ballades, mais un peu d'FM

Autre exemple du chemin pris par Eels hors des sentiers battus, "True Original" et "The Turnabout" sont deux ballades calmes et mélancoliques.

Malheureusement, le groupe n'évite pas l'écueil du commercial, avec des titres comme "Wonderful Glorious" ou "Peach Blossom", trop policé, bien qu'enivrant. À noter tout de même le surprenant "New Alphabet" qui décrit les déboires d'un homme tyrannisé par les enfants.

Avec "Wonderful, Glorious", Eels prouve que ses trois ans de pause lui ont offert de la maturité. Attention toutefois à ne pas dériver vers le formatage FM, ce serait dommage pour ce groupe dont la liberté de ton est le charme principal...

Victorien Kissling

Publié Modifié

Les sorties à venir

Funeral For A Friend, "Conduit" (28 janvier)

Ben Harper & Charlie Musselwhite, "Get Up!" (28 janvier)

The Flaming Lips, "The Terror" (courant février)

Axelle Red, "Rouge" (4 février)

Dave Grohl, "Sound City" (4 février)

Eels, "Wonderful, Glorious" (4 février)

Sigur Ros, "Valtari Mystery Film Project" (4 février)

Bullet For My Valentine, "Temper Temper" (8 février)

Indochine, "Black City Parade" (11 février)

Nick Cave & Bad Seeds, "Push The Sky Away" (15 février)

Krokus, "Dirty Dynamite" (22 février)

Mogwai , "Les Revenants" (25 février)

Dido, "The Girl who got away" (1er mars)

Bon Jovi, "What About Now" (8 mars)

Hurts, "Exile" (8 mars)

Lady Gaga, "ARTPOP" (8 mars)

David Bowie, "The Next Day" (8 mars)

Stereophonics, "Graffiti On The Train" (4 mars)

Zazie, "Cyclo" (18 mars)

Depeche Mode, "Delta Machine" (29 mars)

Christophe Maé, nouvel album (mars)

L'information musique de la semaine

Claude Nobs recevra à titre posthume le prix d'honneur des Swiss Music Awards qui seront attribués le 1er mars à Zurich. Le "Tribute Award" récompense le père du Montreux Jazz Festival pour l'héritage musical que ce découvreur de talents a laissé au public suisse.

Le Vaudois, décédé le 10 janvier à l'âge de 76 ans, a fait venir en Suisse des inconnus qui sont ensuite devenus des stars, écrivent mercredi les organisateurs des Swiss Music Awards.

Claude Nobs était apprécié dans le monde entier car il ne plaçait pas seulement la star mais aussi l'humain au centre de son travail, ajoutent-ils.