Axelle Red se brûle les doigts avec "Rouge ardent"

La chanteuse belge Axelle Red commémore ses 20 ans de carrière avec "Rouge ardent". Enregistré à Memphis, l’album s’affiche comme le retour des années pop de l’artiste aux cheveux de feu.

Mais à trop vouloir replonger dans le passé, Axelle Red a perdu de son coffre. La candeur de sa voix rappelle Vanessa Paradis jeunette, voire même Dorothée! En plus, si l’artiste prononce chaque mot avec sincérité, l'accompagnement trop classique casse cette sensibilité.

Reste que cette musique consensuelle peut porter ses fruits. Les deux précédents opus (2006 et 2011) avaient plus de caractère, mais avaient rencontré moins de succès.

Comme de l’ancienne variété française

"Amour ardent" ressemble à une ancienne variété française parsemée de sons folk et rock. Les rythmes de la batterie et les mélodies du piano sont basiques ("Ce coeur en or", "Quelque part ailleurs"). Les cuivres sont lourds ("Amour profond").

Seul le morceau "Je te l’avais dit" est subtil tant dans la voix que dans l’accompagnement, avec son piano grave, ses cordes qui résonnent et sa guitare qui bat le rythme au loin.

Autre réussite: le disque nous replonge dans l’univers glacial d'"Into the Wild". Car cette fois, Axelle Red n’est ni dans l’engagement ni dans la confidence, mais dans la fiction. Elle parle d'amour à travers les yeux d’un personnage du film de Sean Penn.

Naïve

Junior Tshaka revient très enjoué

Le chanteur neuchâtelois Junior Tshaka, vainqueur du European Reggae Contest en 2009, sort son premier album solo depuis l’accident de voiture qui a fragilisé une partie de ses musiciens. Avec "Boosté par le son", le chanteur a voulu livrer un album non mélancolique.

Plus lisse que "La Jungle" (2007), mais moins familial que "Il est temps" (2009), cet opus offre un reggae très dansant. Les chansons étant toutefois un peu répétitives, elles devraient surtout charmer les jambes des festivaliers.

Junior Tshaka est accompagné de Dub Inc. et de certains membres de Sinsemillia. D’autres musiciens font des apparitions, comme le batteur jamaïcain Horsemouth, le dubber parisien Manjul et le joueur de kora N.Cissoko.

Un reggae qui parle détente et impunité

Les paroles restent au cœur des morceaux. Junior Tshaka soigne son articulation et joue sur la sonorité des mots. Les rimes sont fréquentes.

L’univers rasta est très présent, avec des appels à la positivité et à la détente ("La pause", "Chill out"). Cela est d’autant plus marqué que le chanteur a vu passer la mort en 2010. "La vie ne tient qu’à un fil", souligne-t-il ("Positif & Cool"). Toujours engagé, Junior Tshaka s’attaque aux défauts du libéralisme, à l’impunité et à la sur-consommation ("Mains sales", "Terre qui brûle", "Libère-moi").

L’homme qui se dit "comme un oiseau" entame sa tournée par onze concerts en Chine.

The Animen, un rock garage de Carouge

Lancé en 2007, lThe Animen offre une plongée dans les années 1960, avec un rock garage qui sent bon le caveau. "Hi !" ("Salut !" en anglais) est le premier LP des cinq Carougeois, qui ont déjà sorti deux EP. Et il est comme le promet le large sourire de la fourre: chaleureux!

Une batterie efficace, une ligne de basse simpliste, une mélodie de surf entraînante à la guitare et une voix âpre, "Down in Oslo" et "The French letter" font assurément sautiller. Encore plus dynamique et un brin méchant, "Another Grey Crime" rappelle le punk rock’n roll des Cramps.

Désireux d’être des bêtes de scènes, les Genevois qui s’inspirent des Kinks et d’Otis Redding ont de vintage non seulement la musique, mais aussi les vêtements! Prochain concert à Genève, le 26 février.

Caroline Briner